Environ 2000 Syriens sont à nouveau descendus dans la rue vendredi à Soueida dans le sud du pays, lors de la plus importante manifestation depuis le début d'une contestation déclenchée à la mi-août. Ils dénoncent une situation économique intenable.
La province de Soueida, sous contrôle du régime, est le théâtre de manifestations depuis que le gouvernement a levé à la mi-août les subventions sur les carburants, affectant une population déjà éprouvée par douze ans de guerre.Des images publiées par Suwayda24 montraient femmes et hommes rassemblés sur la place centrale de Soueida, scandant des slogans anti-gouvernementaux et brandissant le drapeau druze multicolore.
"Bachar dégage"
"C'est la première fois qu'une foule aussi nombreuse se rassemble pour protester contre Bachar al-Assad", le président syrien, a déclaré un manifestant sous couvert d'anonymat, pour des raisons de sécurité.
"Bachar dégage", scandaient les manifestants, reprenant ce slogan des manifestations de 2011 que le gouvernement a réprimées d'une main de fer, plongeant le pays dans une guerre civile sanglante qui dure depuis plus de 12 ans.
Le pouvoir s'est abstenu de réprimer les manifestations en cours, où les protestataires s'étaient attaqués ces derniers jours à des symboles du pouvoir, déchirant des portraits de Bachar al-Assad.
Des dizaines de milliers de jeunes hommes de Soueida ont refusé d'effectuer leur service militaire depuis 2011, et les forces de sécurité y ont une présence limitée. Soueida, fief de la minorité druze et dont la ville éponyme est le chef-lieu, est restée largement à l'écart du conflit en Syrie.
Cherté de la vie
Les druzes sont une secte ésotérique estimée à environ 3% de la population. Le mécontentement face à la cherté de la vie s'était brièvement propagé à d'autres villes du sud, notamment à Deraa, berceau du soulèvement populaire en 2011, mais seule Soueida continue d'être agitée par des protestations quotidiennes. Des dizaines de personnes se sont cependant rassemblées vendredi à Bosra, dans la province voisine de Deraa, selon le média local Daraa24.
Pour Fabrice Balanche, maître de conférence en géographie à l'Université Lyon 2, la situation économique "intenable" est la cause de ce soulèvement populaire. "Il y a des salaires de misère, pas d'électricité en continu, des pénuries d'essence... c'est devenu insupportable pour les Syriens, peu importe la zone dans laquelle ils habitent, qu'elle soit tenue ou non par le régime", explique-t-il dans Forum vendredi.
"Tout ça a lieu dans un contexte de recommunautarisation, de retribalisation de la société syrienne où on se replie sur le local. Et où pour avoir la paix sociale, les deux camps laissent le pouvoir finalement aux autorités tribales et religieuses, qui s'émancipent de la tutelle et parfois se révoltent, comme c'est le cas à Soueida", analyse Fabrice Balanche.
World Opinions + AFP
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