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La "guerre contre la drogue" est une guerre contre la justice aux Philippines

 

Plus de six ans derrière les barreaux sans procès - et ce n’est peut-être pas fini...

Le cas de l'ancienne sénatrice Leila de Lima aux Philippines est ahurissant. Bien qu'elle ait été acquittée de la plupart des accusations politiques, un tribunal lui a, à nouveau, refusé la liberté sous caution cette semaine.

Cette absurde injustice dure depuis plus de six ans.

Tout cela a commencé en 2016, lorsque le président de l'époque, Rodrigo Duterte, a ordonné la persécution de Leila de Lima en réponse à ses tentatives d'enquêter sur la vague de meurtres perpétrés par les forces de sécurité sous la direction de Duterte. Ces milliers de meurtres - que Duterte a qualifiés de "guerre contre la drogue" - constituent des crimes contre l'humanité.

Leila de Lima critique depuis longtemps les massacres commis par M. Duterte. À la fin des années 2000, en tant que présidente de la Commission des droits humains, elle a ouvert une enquête sur les meurtres attribués à un "escadron de la mort" opérant dans la ville de Davao, dont M. Duterte était le maire.

La Cour pénale internationale (CPI) est d’ailleurs en train d’enquêter sur ces meurtres ainsi que sur de nombreux meurtres liés à la "guerre contre la drogue" qui ont eu lieu lorsque Duterte était président. En 2019, pour éviter la justice internationale, Duterte a retiré les Philippines du Statut de Rome de la CPI, qui oblige les États à coopérer avec la Cour.

Mais revenons à l'affaire de Lima et à aux trois fausses accusations liées à des affaires de drogue dont elle fait l’objet. Elle a été acquittée dans la première affaire en 2021, et le mois dernier, elle a été acquittée dans la deuxième affaire. Les deux affaires étaient clairement fabriquées de toutes pièces, et il n'y a pas de raison de penser que la troisième affaire contre elle soit plausible.

Pourtant, malgré la nature clairement politique de ces affaires, les tribunaux continuent de refuser la libération sous caution de Leila de Lima, et cela fait plus de six ans qu'elle est en "détention provisoire".

Et le pire dans toute cette histoire n'est même pas la persécution scandaleuse que subit Leila de Lima mais bien les crimes commis par les forces de sécurité de l'État qu'elle essayait d'arrêter.

Comme je l'ai déjà souligné dans cette newsletter, les meurtres continuent aux Philippines. Les exécutions par la police dans le cadre de la "guerre contre la drogue" n'ont pas cessé depuis l'arrivée au pouvoir du président Ferdinand Marcos Jr. il y a près d'un an. Il y a toujours des arrestations arbitraires, des tortures et des disparitions d'activistes, de journalistes, de syndicalistes et de personnes qui critiquent le gouvernement.

Quand est-ce que ce dysfonctionnement et ce massacre soutenu par l'État prendra fin aux Philippines ?

Lire la version en anglais du Daily Brief de Andrew Stroehlein.

World Opinions + Human Rights Watch

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