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Zidane.. Je me prépare à devenir le meilleur

Il parle autant avec son regard qu’avec ses mots,mesurés. Zinédine Zidane, 42 ans, était lundi à Zurich à l’Hôtel Dolder Grand à la veille du Match caritatif contre la faim. L’actuel entraîneur adjoint du Real Madrid revient sur son destin, sa famille, ses valeurs, son fils Enzo et ses ambitions, intactes.
Zinédine Zidane nous a accordé une heure d’interview aux côtés de George Kern, CEO d’IWC, la marque dont il est ambassadeur
Zinédine Zidane, entre le football et vous, quand est-ce que tout a commencé?
Gamin, je jouais avec des balles et même des chiffons. Mon premier vrai souvenir, c’est lorsque j’intègre le centre de formation de l’AS Cannes à 14 ans. C’est tôt. Mes parents m’avaient placé dans la famille Elineau avec laquelle je suis toujours en contact. Ma vie d’avant, c’était le jeu pour le plaisir. Le foot, j’aimais ça comme tous les enfants. Mais après, j’ai vu jouer les pros, je me suis entraîné tous les jours et j’ai dit: «Là, mon gars, si tu travailles, si tu es sérieux, il y a quelque chose à faire.»
Vous étiez déjà déterminé?
Je n’allais pas au cinéma, pas à la plage avec les filles pour faire le kéké. Je savais ce que je voulais. Avec mon pote David Bettoni, on allait faire la sieste au lieu de profiter de lamer. Si je fais quelque chose (ndlr: en tant qu’entraîneur), je le prends avec moi. On sent le foot, on respire le foot tous les deux. On se grandit au contact l’un de l’autre.
Vos valeurs, le sens du sacrifice, c’est un héritage familial?
Oui. Ce sont celles que m’ont inculquées mes parents: le travail, le sérieux et le respect. Elles m’ont accompagné toute ma vie et elles m’accompagnent aujourd’hui encore.
Votre père, qui était venu en France depuis l’Algérie où il gardait des moutons, a économisé un an pour acheter vos chaussures de foot.
Oui. Une paire d’Adidas Copa Mundial coûtait 500 francs à l’époque.
Un jour, il a voulu quitter la France et retourner en Kabylie, mais...
… au retour, il a fait un crochet par Marseille et il a rencontré maman. (Large sourire) C’est bien. Pour moi les choses sont écrites. C’est le destin.Un formidable destin puisque mes parents sont toujours ensemble. Moi, je suis avec ma femme (ndlr: Véronique) depuis l’âge de 17 ans, ça fait donc 25 ans. Sans elle, je n’aurais pas acquis cette sérénité et je n’aurais jamais atteint ce niveau.
Quel message essentiel vous a transmis votre père?
En plus d’être parti à l’aventure gagner sa croûte, il était parti pieds nus et n’avait presque rien. Ça n’était pas facile. Son message est ancré en moi: «Il faut toujours que l’on fasse plus que les autres pour réussir.»
Le meilleur footballeur, c’est quoi?
Pour atteindre le plus haut niveau, il n’y a que le travail. Il faut s’en donner les moyens. C’est ce que j’ai fait. Lorsque je suis devenu le meilleur - c’est ce qu’on dit du Ballon d’or - la seule chose dont j’ai eu envie, c’est d’en gagner un deuxième. Sinon…
Sinon?
On régresse. Lorsque j’ai décidé de quitter l’équipe de France, j’ai senti que je devenais un joueur quelconque même au Real Madrid. C’est bizarre, mais c’était le cas. Dans ce club, vous n’avez que des internationaux.Quand leurs équipes nationales jouent, ils s’en vont et vous restez seul sur place. Je m’entraînais avec les petits jeunes. J’avais deux ou trois jours de repos. On voit la famille, on mange. Et, au final, c’est mort.
On se relâche?
Forcément. La règle, c’est: si j’atteins le top, je reste là-haut. Tout le temps. C’est ça un joueur de haut niveau. Quand j’arrête, j’arrête tout. Moi, au bout de trois mois, j’ai voulu revenir chez les Bleus.
Après votre retraite, vous avez tenu à retourner avec votre père en Algérie. Quel souvenir gardez-vous de ce voyage dans son village?
Pour moi, c’était magnifique, mais je ne vous dis pas pour lui! Papa parti pieds nus revient avec son fils, il est accueilli par tout un peuple et par le président algérien. Voir le regard de mes parents, pour moi ça reste le plus grand souvenir. Comme j’ai été joueur, je sais que c’est le joueur qui est important. L’entraîneur doit mettre le joueur dans les meilleures conditions.
G.K.: Les entraîneurs comme Ancelotti ou Guardiola gagnent en importance. Pour contrôler toutes ces stars, il faut du caractère.
Z.Z.: Ce qui change aujourd’hui, c’est la communication. Tout est supermédiatisé. Tu as Guardiola et Ancelotti, mais c’est surtout la médiatisation qui a changé. (Nuancé) Je ne suis pas encore entraîneur. Aujourd’hui, je suis numéro deux. Avec les joueurs, ça se passe bien. Le chef, c’est Ancelotti. Voila. Il faut un patron. Moi, pour le moment, je suis en retrait.
Les jeunes joueurs millionnaires, vos valeurs de travail et d’abnégation, ça leur parle?
Si quelqu’un ne s’entraîne pas bien, mon rôle de second est de lui dire: «Mon gars, il faut que tu restes, on va travailler les centres.» Même un grand pro du Real Madrid, même un Ronaldo. On apprend tout le temps. Moi, je transmets ce que j’ai appris et ce que j’ai amélioré en moi avec mon vécu à des joueurs qui, eux, ne l’ont pas expérimenté encore.
On devait vous répéter les choses?
Non. Je vais vous faire une confidence: je n’ai jamais été un grand joueur de tête. En défense, j’étais catastrophique. J’y suis arrivé, par le travail.
Dans «Zidane», un portrait documentaire intime, on vous voit renoncer à monter les marches à Cannes. Encore cette humilité?
Je n’étais pas légitime sur les marches. Quand je ne suis pas dans mon élément, ça se voit. Du coup, on risque d’être ridicule (rires). Mais je reste curieux. Le Festival de Cannes m’intéresse. J’ai pu le faire adolescent. A l’époque, j’étais derrière les barrières avec mon épouse pour voir Madonna.
Zidane fan de Madonna?
Ma femme qui est danseuse est une fan. Ce n’est pas forcément une grande voix, mais alors quel show!
Le 20 juin, lors du match Suisse-France au Brésil, vous serez dans le camp opposé de celui de George Kern. Un commentaire?
(Il met sa main sur l’avant-bras de Kern en rigolant) C’est LE match du groupe! La Suisse a des joueurs qui évoluent dans de grands clubs et un bon chef d’orchestre. Il n’y a pas de groupe ou d’équipe facile.
G.K.: Ça sera serré, en effet.
George Kern, Zidane en Suisse sur des skis, il est comment?
G.K.: (Rires) Il serait au niveau du FC Schaffhouse. A Saint-Moritz, la pente n’était pas très forte.
Z.Z.: Je ne suis pas encore à ton niveau, mais ça va mieux depuis.
G.K.: (Rires) Disons qu’il joue mieux au foot…
Z.Z.: (Hilare) Je confirme!
Interview: Didier Dana(Le Matin.ch)

1 comments :

  1. En tout cas, depuis une certaine finale contre l'Italie, il a prouvé qu'il était un joueur de tête!Beau parcours et humilité. Certains devraient prendre exemple.

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