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Cuba : Miguel Diaz-Canel, un protégé de Raul Castro au pouvoir

Cet ingénieur de formation a lentement gravi les marches du pouvoir jusqu’à être élu, jeudi, successeur de Raul Castro. Il ne devrait toutefois pas dévier de la ligne du parti.

Il parle peu, sourit encore moins. A 57 ans, Miguel Diaz-Canel renvoie l’image d’un apparatchik modèle qui a su gravir, discrètement et patiemment, les échelons du pouvoir cubain sous l’aile de son mentor, Raul Castro. Successeur désigné du président sortant à la tête de l’Etat, cet homme marié deux fois et père de deux enfants représente la génération de cadres dirigeants nés après la révolution de 1959. Un « civil », doté d’une « solide fermeté idéologique », selon Raul Castro, ajoutant qu’« il n’est ni un parvenu ni un intrus ».
Fils d’une institutrice et d’un mécanicien, Miguel Diaz-Canel est né à Placetas (province de Villa Clara), le 20 avril 1960. Après avoir décroché le titre d’ingénieur électronicien à l’université centrale de Las Villas, en 1985, il débute sa carrière professionnelle comme officier des Forces armées révolutionnaires (FAR). Il revient ensuite à l’université comme enseignant, devient un dirigeant local des Jeunesses communistes et part en « mission internationaliste » au Nicaragua sandiniste (1987-1989).
A son retour, ce dirigeant provincial, puis national, des Jeunesses communistes commence une ascension fulgurante dans l’appareil. Dès 1991, à peine trentenaire, il entre au comité central du Parti communiste de Cuba (PCC, parti unique). Trois ans plus tard, il est le premier secrétaire du PCC à Villa Clara, ce qui fait de lui la principale autorité de la province.
Il y gagne une réputation de jeune cadre cool, populaire parmi ses administrés. Il se déplace à vélo, symbole des pénuries provoquées par la fin des subsides soviétiques. Il porte des jeans, se déclare fan des Beatles et autorise l’ouverture d’un centre culturel à Santa Clara, El Mejunje, où seront présentés des spectacles de travestis.

Entrée au bureau politique

En 2003, le PCC le nomme premier secrétaire de la province de Holguin. C’est sur ordre du général Raul Castro, ministre des FAR pendant un demi-siècle, qu’il entre au bureau politique du parti. Le frère de Fidel Castro continue à le propulser vers le haut et le fait entrer à son gouvernement comme ministre de l’éducation supérieure, en 2009.
A peine trois ans plus tard, M. Diaz-Canel remplace une des figures de la vieille garde orthodoxe et conservatrice, José Ramon Fernandez, comme vice-président du conseil des ministres chargés de l’éducation, de la science, de la culture et des sports. En 2013, il succède à un autre représentant de la « génération historique », le stalinien José Ramon Machado Ventura, comme premier vice-président des conseils d’Etat et des ministres.
La relève des générations est en marche. M. Diaz-Canel est placé au premier rang de la succession présidentielle. Il multiplie les déplacements officiels, à Cuba et à l’étranger, mais parle rarement en public et jamais à la presse étrangère. Il s’applique à évitertoute polémique, ne s’exprimant que lors d’activités publiques ou dans l’anonymat de réunions à huis clos.
Un discours prononcé devant une école de cadres du parti, en 2017 montre un dirigeant implacable contre toute forme de diversion idéologique. Il s’en prend même aux « centristes » qui prétendent incarner une alternative réformiste, pourtant éloignée de la dissidence. Il donne ainsi des gages à l’élite castriste, pour assurer qu’il saura gérer l’héritage avec zèle.
« Diaz-Canel ne doit pas sa promotion de ministre, puis au bureau politique du PCC, à la vieille garde, mais au seul Raul Castro », nuance l’historien cubain Rafael Rojas. Le dauphin pourra-t-il s’affranchir de la tutelle de son mentor, qui reste premier secrétaire du parti unique ?

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