Grâce au courage de survivant·e·s et de lanceur·euse·s d’alerte, le gouvernement haïtien prend des mesures importantes pour faire traduire en justice de hauts responsables impliqués dans des abus sur des enfants et leur interdire le monde du sport.
Le 2 juillet, l’ancien ministre haïtien des Sports, Evans Lescouflair, a été arrêté par Interpol au Panama, où il cherchait à échapper à la justice haïtienne. Lescouflair est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises une élève âgée de 11 ans lorsqu’il était enseignant. Il fait également l’objet d’un procès civil intenté par plusieurs autres victimes qui ont fourni des preuves que cet homme avait abusé d’elles sexuellement.
« Maintenant que Lescouflair est en prison et qu’il fait enfin face à la justice, notre objectif, en tant que survivant·e·s, est d’adresser un message, à savoir que tous les enfants d’Haïti et du monde entier méritent une protection totale contre les abus sexuels à tout moment », a déclaré Claude-Alix Bertrand, survivant d’abus lorsqu’il était enfant et aujourd’hui ambassadeur d’Haïti auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). « Le sport ne devrait pas permettre à de puissants dirigeants d’abuser d’enfants en toute impunité. Cette affaire doit servir à changer de façon permanente les choses afin de protéger les enfants dans le sport et au-delà. »
Lescouflair était également un haut responsable de la Fédération haïtienne de football et le président d’un club de footballeurs juniors.
Cette affaire fait suite à la suspension et à l’interdiction définitive d’exercer des fonctions, en décembre 2020, du président de la Fédération haïtienne de football, Yves Jean-Bart, accusé d’avoir abusé sexuellement de femmes et de jeunes filles membres de l’équipe nationale de football d’Haïti. Au terme d’une enquête, la FIFA, l’instance dirigeante mondiale de ce sport, en a banni Jean-Bart à vie.
Cependant, la FIFA n’a pas renvoyé d’autres responsables de la fédération haïtienne qui ont contribué à couvrir des abus sexuels et qui travaillent toujours avec l’équipe nationale féminine d’Haïti, et n’a pas davantage essayé de recouvrer l’amende d’un million de dollars infligée à Jean-Bart.
Des lanceur·euse·s d’alerte et des survivant·e·s ont subi des menaces pour les dissuader de fournir des preuves d’abus sexuels. Après l’audience en appel de Jean-Bart devant le Tribunal arbitral du sport en avril, des témoins ont reçu le SMS suivant : « J’ai préparé vos cercueils ».
Human Rights Watch a documenté les nouvelles vagues de violence qui menacent le système judiciaire en Haïti. Les autorités devraient prendre des mesures pour garantir l’accès à la justice, protéger les lanceur·euse·s d’alerte et les survivant·e·s, et arrêter et sanctionner les auteurs d’abus dans le sport et leurs complices.
Les instances sportives internationales, la FIFA et le Comité international olympique, devraient quant à elles soutenir les athlètes ayant survécu à des abus perpétrés lorsqu’ils étaient enfants en bannissant du sport les auteurs de tels actes et en faisant respecter leurs propres politiques de protection des mineurs.
World Opinions - Human Rights Watch
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