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Cinéma. Avec le film « Coma », un voyage étourdissant dans l’inconscient de l’Internet.. Vidéo

 

Bertrand Bonello, le réalisateur de « Saint Laurent » sorti sur les écrans en 2014, se branche sur les rêves d’une adolescente.

De tous les « films de confinement » qui ont fleuri ces derniers temps dans le sillage de la pandémie, le dernier long-métrage en date de Bertrand Bonello est sans doute celui qui a le mieux su tirer son épingle du jeu. Le réalisateur de Saint Laurent (2014) semble avoir trouvé là l’occasion rêvée d’aller encore plus loin dans l’allègement de son geste, amorcé avec Zombi Child (2019) sous forme de clin d’œil à la série B, après l’accueil en demi-teinte de l’opératique et très décrié Nocturama (2016).

Avec Coma, il redimensionne son cinéma aux proportions d’une chambre et signe un film simple, mais faussement modeste, en fait tourné vers le continent intérieur. Il s’autorise même à reformuler une question très ancienne (au moins platonicienne) : de quelle substance sont faits les rêves d’aujourd’hui ?

Une adolescente (Louise Labèque, découverte dans Zombi Child) lambine sur son lit, entre les quatre murs de sa chambre, dans une situation qu’on identifie à la crise sanitaire, mais qui pourrait avoir bien d’autres explications (crise d’angoisse ? état de siège ?). L’enfermement, le désœuvrement sont propices aux divagations, sur le flux desquelles se branche le film. 

Alors, elle tue le temps à imaginer des intrigues de soap opera entre ses poupées en plastique, à appeler ses copines en « visio » et, la plupart du temps, à traîner sur Internet, voire à se perdre dans ses tréfonds. Elle y suit la chaîne d’une mystérieuse influenceuse, Patricia Coma (l’extraordinaire Julia Faure), à mi-chemin entre gourou du développement personnel et présentatrice de téléachat, enjoignant à ses ouailles d’acheter toutes sortes de gadgets, notamment un étrange jeu de mémoire électronique appelé « Révélateur », comme un portail vers l’autre monde. 

Ainsi arrive-t-il parfois à la jeune fille d’accéder, sans trop savoir comment, à une zone franche aux allures de forêt obscure, sortes de limbes ou de dark Web où errent des silhouettes inquiétantes.

Par Par Mathieu Macheret - Le Monde + World Opinions

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