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Venezuela : Exactions des forces de sécurité près de la frontière colombienne

 Les forces de sécurité vénézuéliennes ont commis de graves exactions à l’encontre de résidents d’une zone située près de la frontière avec la Colombie au cours d'une opération de plusieurs semaines contre des groupes armés, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Les forces de sécurité vénézuéliennes ont déclenché leur offensive, visant ostensiblement à combattre les groupes armés au Venezuela, dans l'État d'Apure le 21 mars. Cette opération a toutefois conduit à l'exécution d'au moins quatre paysans, à des arrestations arbitraires, à la poursuite de civils devant des tribunaux militaires et à la torture de résidents accusés de collaborer avec des groupes armés. Ces exactions sont comparables à une précédente série d’abus systématiques ayant conduit à des enquêtes internationales sur d'éventuels crimes contre l'humanité dans ce pays.

« Les abus flagrants contre les habitants d’Apure ne sont pas des incidents isolés commis par quelques agents dévoyés, mais sont plutôt conformes aux pratiques systématiques des forces de sécurité vénézuéliennes », a déclaré José Miguel Vivanco, directeur des Amériques à Human Rights Watch. « Des enquêtes internationales sont essentielles face à l'accumulation de preuves d’exactions commises par des membres des forces de sécurité, et devraient aussi viser les commandants et hauts fonctionnaires qui savaient ou auraient dû savoir ce qui se passait lors de ces opérations. »

Le 5 avril, le ministre de la Défense Vladimir Padrino López a annoncé l'arrestation de 33 personnes, qui seront jugées par des tribunaux militaires. Il a déclaré que six camps de « groupes terroristes » avaient été démantelés et que neuf « terroristes » avaient été tués. Il a indiqué que huit soldats étaient décédés, et 34 avaient été blessés.

Les forces de sécurité ont perpétré des exécutions extrajudiciaires, des arrestations arbitraires et des acte de torture lors d’une opération anti-guérilla

Des affrontements entre les Forces armées nationales bolivariennes (Fuerza Armada Nacional Bolivariana, FANB) et le Dixième Front Martin Villa (Frente Décimo Martín Villa), groupe armé dissident issu des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ont éclaté dans diverses zones rurales du Venezuela le 21 mars. Depuis lors, au moins 5 800 personnes ont fui l'État d'Apure pour chercher refuge en Colombie, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

En mars et en avril, Human Rights Watch a mené des entretiens en personne et par téléphone avec 68 personnes dans l'État d'Arauca, en Colombie et par téléphone en mars et avril. Il s’agissait de 38 personnes ayant fui l'État vénézuélien d'Apure, des avocats, des experts médico-légaux, des dirigeants communautaires, des journalistes, des autorités colombiennes locales, ainsi que des représentants d’organisations humanitaires et de défense des droits humains.

Les Vénézuéliens déplacés ont déclaré que les frappes aériennes et les combats fréquents, ainsi que des abus commis par les forces de sécurité vénézuéliennes, les avaient poussés à fuir. Ils ont décrit des abus commis par des membres des Forces armées nationales bolivariennes (FANB), des Forces d'action spéciale de la police nationale (Fuerzas de Acciones Especiales, FAES), de la Garde nationale bolivarienne (GNB), et du Commando national anti-extorsion et anti-kidnapping (CONAS).

Freedom1 /  Human Rights Watch

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