Un documentaire d’Arte, coproduit par la chaîne de télévision du Saint-Siège, retrace la genèse architecturale et artistique de la ville-Etat et de ses trésors peints et sculptés.
On ne sait pas si Arte est dans le Vatican, mais le Vatican est dans Arte : en sus du nouveau documentaire que Marc Jampolsky et Marie Thiry ont dédié à l’Etat dont le souverain est un pontife, les programmes ayant trait aux affaires papales se multiplient comme les pains sur la chaîne franco-allemande.
On pourra ainsi revoir le documentaire en deux parties Les Dossiers secrets du Vatican (2015) ou, entre autres programmes courts proposés par Arte.tv, Pourquoi les gardes du Vatican sont-ils suisses ? Sans oublier l’attachante série Ainsi soient-ils (2012-2015), créée par David Elkaïm et Vincent Poymiro, qu’Arte a mise à disposition au sein de l’offre gratuite de séries en VoD qui complète son service de replay.
Vatican, la cité qui voulait devenir éternelle est un documentaire long format (90 minutes) qui retrace les couches spatio-temporelles de l’édification de la citadelle fortifiée, construite au long des siècles : car, on s’en doutait, l’Etat pontifical n’est pas né sorti d’un seul tenant de la cuisse de Jupiter – si l’on ose dire.
Michel-Ange et Jules II
En revanche, rappelle assez pédagogiquement le documentaire – qui prend parfois l’allure et le rythme un peu ronronnants d’une conférence illustrée à la manière des séances « Connaissance du monde » d’antan –, il s’est établi sur les ossements (présumés) de Pierre, sépulcre au-dessus duquel s’élèveront plusieurs édifices, jusqu’à la basilique Saint-Pierre, San Pietro in Vaticano, telle qu’elle nous est parvenue, en large partie redevable à Michel-Ange.
Une partie du propos s’attarde sur les rapports conflictuels du sculpteur et peintre de génie avec le pape Jules II qui lui passe commande, avant de l’annuler, d’un mausolée sans commune mesure, puis persuadera Michel-Ange de réaliser les fresques du plafond de la chapelle Sixtine et, enfin, d’assurer la supervision des travaux de la basilique dont l’artiste ne verra pas l’achèvement.
Les inévitables séquences intercalaires en dessin animé – d’une laideur insigne qui fait ressembler Michel-Ange à un Eric Cantona aux yeux exorbités et Jules II au Père Fouras du jeu télévisé « Fort Boyard » – laissent heureusement place à des séquences au cours desquelles des architectes, historiens et autres exégètes de la chose vaticane témoignent de recherches et découvertes récentes.
Ainsi sont reconstituées numériquement et en 3D, au sein des ateliers de la ville-Etat, des strates anciennes de la cité vaticane, des structures et décorations des premiers avatars de la basilique, des cours et bâtiments, parfois intégrés, parfois simplement détruits pour laisser place à d’autres au fil du temps.
La caméra se balade dans des salles et lieux sublimes, fermés au public, et s’attarde sur la remarquable collection de statuaire antique dont l’un des premiers joyaux, le groupe du Laocoon, est acquis par Jules II en 1506 après sa découverte dans une Rome devenue « un vaste champ de ruines antiques » sur lequel va s’édifier une ville nouvelle.
La conclusion du documentaire évoque sans s’attarder les commandes et acquisitions récentes du Vatican, dont cette « Sixtine moderne » voulue par Jean Paul II que la charité chrétienne devrait protéger des quolibets qu’elle attire pourtant irrésistiblement… La chaîne de télévision du Saint-Siège coproduisant le documentaire, peut-être valait-il mieux.
Vatican, la cité qui voulait devenir éternelle, documentaire de Marc Jampolsky et Marie Thiry (Fr., 2020, 90 min). Disponible à la demande sur Arte.tv jusqu’au 9 février.
Par Renaud Machart - Le Monde Culture
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