Il y aura des orphelins. Si le démocrate Joe Biden l’emporte le 3 novembre, les gros bras de la scène internationale pleureront sinon un parent, du moins un parrain : Donald Trump. Pour eux, autocrates en mal d’affection, plus sentimentaux qu’on ne l’imagine, le 45e président des Etats-Unis a été une bénédiction.
Partout où la démocratie libérale est un vilain mot, ces quatre années de trumpisme furent un moment de réconfort. De Moscou à Manille, de Pyongyang à Riyad, ce sourire de tendresse venu de la Maison Blanche, on l’a pris pour ce qu’il était : un cadeau inhabituel.
Avant même d’entrer en fonction en janvier 2016, Trump avait prévenu : il ne croit pas à « l’exceptionnalisme américain ». Cette idée que les Etats-Unis, du fait d’une naissance placée sous le signe des Lumières, seraient génétiquement bons et, pour être fidèles à leurs idéaux, seraient sommés de propager et de défendre la démocratie, cette idée-là est étrangère à Donald Trump – même les jours où il est porté à la spéculation intellectuelle.
Pour les uns, le point de vue trumpiste est un aveu de franchise, loin des hypocrisies de la langue de bois officielle. Pour les autres, c’est un renoncement : en dépit de tous ses errements et des fautes qu’elle a commises, disent ceux-là, la plus puissante des démocraties se doit de porter haut le drapeau de ses valeurs fondatrices.
La défense des droits de l’homme n’est pas seule en cause. A ce chapitre, il est arrivé à l’administration trumpiste d’être plus exigeante que les Européens – notamment dans les sanctions décidées contre Pékin (après les événements de Hongkong et sur la question des Ouïgours).
Trump a porté atteinte à quelque chose de plus large. Il n’a jamais eu un mot en faveur de la démocratie libérale. Il ne s’est jamais fait l’avocat des libertés publiques, à l’intérieur comme à l’extérieur de son pays. Il a repris, de façon expresse ou implicite, le thème d’une équivalence morale entre les régimes politiques.
0 comments :
Enregistrer un commentaire
التعليق على هذا المقال