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Livres. « Le Siècle du populisme » : Pierre Rosanvallon relève le défi populiste

Dans son nouvel essai, l’historien et sociologue dessine les contours d’un concept politique instable et propose des pistes pour éviter le pire.
Il y a bien des manières d’être piégé par le mot « populisme », cet attrape-tout notoirement instable. L’une d’elles est justement de croire que, faute d’un concept mieux ajusté, il faudrait, renonçant à en faire usage, revenir à des catégories politiques plus éprouvées. L’une des grandes forces de Pierre Rosanvallon, dans Le Siècle du populisme, est, à rebours, de ne pas contourner l’obstacle, et d’affronter la nature spécifique d’un objet aussi incertain, dans lequel il voit une « culture politique originale ».
Aussi bien, avance le professeur honoraire au Collège de France, peut-être le populisme ne paraît-il insaisissable que parce qu’il relève d’un « nouveau langage », lequel est indispensable « pour qualifier une dimension inédite du cycle politique qui s’est ouvert au tournant du XXIe siècle ». Il s’emploie ainsi à repérer quelques-uns des traits caractéristiques du phénomène, davantage qu’il ne cherche à désigner une essence invariable : le populisme relève d’abord d’une dynamique plus ou moins fantasmée, selon les pays, de reprise du pouvoir sur une élite supposée corrompue par un peuple supposé vertueux ; une dynamique qu’il faut attraper en quelque sorte au vol, sans perdre de vue ses mutations, ses tendances, les perspectives qu’elle dessine.
« Dislocation » de la société de classes
Dans la masse de textes et de discours étudiés, issus du monde intellectuel comme de la sphère politique, de la philosophe Chantal Mouffe à Donald Trump, en passant par Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen ou Viktor Orban, cette dynamique apparaît à chaque fois liée à des mutations antérieures. Elle est, chez tous, d’une manière bien sûr différenciée, corrélée aux évolutions sociales récentes. Au premier chef, la « dislocation » de la société de classes, et l’effacement de liens religieux ou idéologiques qui semblaient aller de soi.
Par Florent Georgesco - lemonde.fr
« Le Siècle du populisme. Histoire, théorie, critique », de Pierre Rosanvallon, Seuil, « Les livres du nouveau monde », 280 p., 22 €.

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