Le chanteur franco-algérien Rachid Taha décédé le 11
septembre 2018 revit le temps d'un album posthume aux airs vagabonds et
vivifiants. "Je suis africain", onzième album en solo, lui ressemble
par ses libertés formelles métisses et son énergie.
Dans ses derniers souffles, Rachid Taha a notamment choisi
de chanter : "Je suis africain, africain du Nord au Sud/ Je suis africain,
dedans comme dehors, Je suis africain, et je n'ai pas le rythme dans la peau/Je
suis africain, un albinos afro (...) Je suis africain, Dieu a la même
peau". Manière d'affirmer une ultime fois son identité et de déclarer son
amour à ses racines. Il y énumère d'ailleurs son panthéon d'Africains notables,
qu'ils soient musiciens, philosophes, politiques ou écrivains.
Logique puisqu'au long de son parcours musical au long
cours, le chanteur, né en Algérie et arrivé en France à l'âge de dix, s'était
fait le porte-drapeau de la communauté française d'origine maghrébine de
seconde génération jusqu'à son décès le 11 septembre 2018 des suites d'un arrêt
cardiaque. Taha était une des personnalités fortes et attachantes de la scène
rock hexagonale dès ses débuts en 1981 avec Carte de Séjour, dont il était le
charismatique leader.
Flèche Love et Jean Fauque en invités
Au côté de Toma Feterman, musicien tradi-balkano-punk de La
Caravane Passe ou Soviet Suprem, Rachid Taha a peaufiné deux ans durant ce
"Je suis africain" qu'il n'a tout juste pas eu le temps de
parachever. Un album qui lui ressemble, plein d'énergie, de voyages, de nuits
festives, de guitares rock et d'electro, de musique gnawa et de violons
orientaux. En français, arabe et anglais, il joue encore avec les mots, déclare
sa flamme à Marlene Dietrich ou son respect pour Shakespeare ("Happy
End") et s'offre un duo avec la chanteuse romande d'origine algérienne Flèche
Love ("Wahdi").
D'autres titres sortent nettement du lot au fil de ce
onzième album solo, à l'image des jubilatoires "Andy Waloo",
"Striptease", "Like a Dervish" ou "Minouche", qui
sur une ambiance chaabi sentimentale accueille notamment les mots de Jean
Fauque, complice d'écriture de Bashung dans les années 90 pour proclamer son
amour à une khaloucha, soit une femme noire émancipée.
Au final, les dix titres posthumes de "Je suis
africain" condensent à merveille cet esprit rock sans frontières et vivifiant
que Rachid Taha a toujours défendu en chantant.
Par Olivier Horner - RTSCulture
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