Application World Opinions
Application World Opinions
Application World Opinions

Vu d’Algérie. L’inexorable chute de Sarkozy

L’ancien chef d’État a été mis en examen le 21 mars dans l’affaire du financement libyen présumé de sa campagne de 2007. Il s’agit d’une nouvelle étape vers la déchéance d’un président qui n’avait pas l’envergure pour diriger la France, assène cet éditorialiste algérien.
Ceux qui suivaient de près l’actualité politique française savaient que cela arriverait tôt ou tard. Nicolas Sarkozy traîne des casseroles depuis bien longtemps et l’une d’elles a fini par le rattraper. L’ancien président de la République a été inculpé, mercredi 21 mars, dans le cadre de l’enquête sur des soupçons de financement par la Libye de sa campagne électorale de 2007. Nicolas Sarkozy se retrouve sous la menace de plusieurs procès, une première pour un ex-président de la Ve République. Les accusations sont d’une extrême gravité. Elles remontent aux mois qui ont précédé son accession à la magistrature suprême, en 2007.
Alors qu’il promettait [en octobre 2005] de nettoyer “la racaille”des banlieues “au karcher”, le sulfureux ministre de l’Intérieur flirtait avec les émissaires de l’un des pires dictateurs d’Afrique et du monde arabe, Muammar Kadhafi. Son but : trouver des financements pour sa campagne électorale. Sarkozy ne détestait donc pas tant que ça les Arabes. Et la “racaille”, surtout quand il s’agit de portefeuille, pouvait donc avoir son utilité.

Un scénario digne de Netflix

Parmi les protagonistes de ce feuilleton judiciaire, on trouve un secrétaire général de l’Élysée, un marchand d’armes franco-libanais, un ténébreux homme d’affaires franco-algérien, un chef des services libyens, un ministre du Pétrole de Kadhafi et un avocat malaisien… Les faits sont aussi savoureux : des versements illicites, une villa vendue au décuple de son prix, une noyade dans le Danube, une tentative d’assassinat en Afrique du Sud. De quoi faciliter la tâche des scénaristes de la plateforme de séries télévisées Netflix.
En 2012, Mediapart publie un document qui révèle que l’État libyen aurait débloqué, en 2006, 50 millions d’euros pour la campagne de Nicolas Sarkozy. En contrepartie de cette généreuse donation, Nicolas Sarkozy aurait donc soudainement réhabilité le dictateur de Tripoli, longtemps mis au ban de la communauté internationale.

La libération des infirmières bulgares et le spectacle parisien

On se souvient de la libération [en juillet 2007] par Kadhafi des infirmières bulgares détenues en Libye depuis plusieurs années. Une opération de com menée par la première dame de France de l’époque, Cécilia Sarkozy. Puis vient le temps du spectacle parisien. Kadhafi passe quelques jours à Paris, entouré de ses amazones et accompagné de sa chamelle, de laquelle, disait-on, il ne se séparait jamais.
Mais, comme dans les bons vieux romans de mafieux, l’amitié ne durera pas. Quatre ans plus tard, lorsque Kadhafi fait face à la fureur de son peuple, les avions Rafale français tirent les premières salves d’une courte guerre qui débouchera sur la chute du dictateur. Puis à son assassinat.

Un parcours jalonné de maladresses

Mais ce deal, qui a mal fini avec Kadhafi, n’est qu’un épisode du long parcours de Nicolas Sarkozy, ce fils d’immigrés hongrois qui rêvait de devenir président de la République. Destin accompli ? Pas vraiment. Non seulement le seul mandat qu’il a effectué (2007-2012) n’a été marqué par aucune réalisation ou réforme d’envergure, mais il a en plus été jalonné de maladresses incompatibles avec la fonction présidentielle.
Sarkozy est d’abord trahi par son goût prononcé pour le luxe et le faste du milieu des affaires. Dans les jours qui suivent son élection, il est photographié se prélassant avec Cécilia et leur fils sur le yacht d’un riche homme d’affaires, Vincent Bolloré, patron entre autres des groupes Vivendi et Canal+.
Quelques mois plus tard, fier comme un coq au bras de sa nouvelle compagne, la chanteuse italienne Carla Bruni, il lancera un retentissant “Viens te battre, si t’es un homme !” à un malheureux qui l’importunait. Un homme [lors de sa visite officielle au Salon de l’agriculture en février 2008], refusant de lui serrer la main, déclenchera l’ire du président. “Casse-toi, pauv’ con !” restera dans les mémoires.

La case prison, l’humiliation suprême

Les Français, qui ont connu de Gaulle, Mitterrand et même Chirac, découvrent, ahuris, un nouveau style de communication présidentielle. Le contraste entre Nicolas Sarkozy et ses illustres prédécesseurs ne se limite pas à ses coups de gueule incontrôlés.
Sur le plan politique aussi, il n’a jamais fait le poids. Son empressement à s’aligner aveuglément sur les positions américaines n’avait rien de l’anti-atlantisme du général de Gaulle, et son tempérament de va-t-en-guerre a fait regretter la lucidité de Jacques Chirac – et de son staff diplomatique très aguerri –, qui avait vu venir le chaos irakien quand George Bush s’est mis en tête de déloger Saddam Hussein.
Le seul projet d’envergure qu’il a tenté de lancer, l’Union pour la Méditerranée, ne verra jamais le jour. Peut-être que Nicolas Sarkozy n’avait pas l’envergure pour diriger un si grand pays, et les Français le lui ont fait savoir plutôt deux fois qu’une. D’abord en refusant de le réélire en 2012. Puis – encore plus humiliant – en lui barrant la route à la primaire de la droite et du centre à la fin de 2016, en vue du scrutin de 2017.
Sa déchéance était inexorablement amorcée. Il lui reste maintenant à se choisir une bonne ligne de défense pour échapper à l’humiliation suprême : la case prison.
Par Makhlouf Mehenni/tsa-algerie.com

0 comments :

Enregistrer un commentaire

التعليق على هذا المقال