Éducation, politique, administration, accès aux crédits, violences… Au-delà du zoom sur la gent féminine, un portrait en filigrane des rapports hommes-femmes
Quels acquis pour les Tunisiennes depuis la révolution ? Quelle place pour les femmes au sein d'une société en mutation ? Une batterie de statistiques éparses, rassemblées par l'étude « ONU femmes », permet de percevoir atouts et faiblesses. Si les femmes sont de très loin les plus brillantes au sein du système scolaire, elles ont des difficultés à obtenir des postes que leurs compétences justifient. C'est le cas dans l'administration, au sein du pouvoir exécutif, dans les affaires. Quand l'appareil statistique esquisse le quotidien des Tunisiennes. Aperçu.
1. Les femmes sont majoritaires dans le pays
50,2 % de la population est féminine selon le dernier recensement effectué par l'INS, l'Institut national des statistiques. Néanmoins, les femmes ne représentent que 28 % des actifs. Ce chiffre ne prend pas en compte les travaux non rémunérés, très nombreux lorsqu'il s'agit des employées de maison, les « bonnes ». Deux tiers ne seraient pas déclarés par leurs employeurs. Cette économie informelle est pourtant importante pour de nombreux foyers.
2. Scolarité : les filles travaillent mieux que les garçons
67 % des diplômés de l'enseignement supérieur sont des filles (terme employé). Un chiffre qui confirme que le vivier des futures élites devra être féminin. Le Code du statut personnel imposé par le président Bourguiba quelques mois après l'indépendance donne ici ses pleins résultats. La Tunisie a une longueur d'avance en la matière sur tous les autres pays arabes. Les garçons abandonnent en nombre le système scolaire (60 % des 112 000 pour l'année 2013-2014). 48,3 % de ces derniers quittent l'école au niveau du collège. 40 % des filles quand elles sont au lycée. Ce qui explique, même avec la déscolarisation, leur meilleur niveau de base.
3. L'analphabétisme en voie d'extinction pour les 15-24 ans
Si la moitié des plus de 55 ans, particulièrement dans les régions marginalisées du centre et du sud, a souffert de l'illettrisme, la jeune génération est de moins en moins touchée par ce phénomène : 3,6 % de cette classe d'âge contre plus de 50 % dans les années 1960 et 19. Malgré la mise à mal du secteur scolaire par la dictature, dont le mantra était « apprenez par cœur mais ne réfléchissez pas », la Tunisie peut se targuer d'éradiquer ce fléau. Selon les régions, les chiffres ne sont pas les mêmes.
4. Les femmes deux fois plus victimes du chômage
22,5 % sont sans emploi contre 12,4 % pour les hommes. Dans certaines régions (gouvernorats de Gabes, Gafsa, Jendouba, Kasserine, Kébili, Tataouine), le taux de chômage des femmes dépasse les 35 %. Pour les diplômées : 41,1 % sont sans job. Les hommes : 21,4 %.
5. Le monde des affaires demeure très masculin
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