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Livres. « Le Livre de l’Una », de Faruk Sehic : en Bosnie, la rivière sans retour

En 1992, Faruk Sehic est étudiant quand la guerre menace. Trois ans durant, en première ligne, il chroniquera le dur, le sang, les odeurs de l’enfer en surplomb de l’Una.

Un flot de poésie coule dans Le Livre de l’Una, parfois tumultueux, toujours clair. « Qu’est-ce qu’une rivière dont on ne voit pas le fond ?… Sûrement qu’elle cache dans les profondeurs une peine obscure et terrible », se demande l’auteur, Faruk Sehic. Ce livre qui s’adosse à une rivière bosnienne, l’Una, est un magnifique récit méditatif sur une expérience au cœur de la guerre. Un texte qui n’est rongé ni par les remords qui tissent la plupart des écrits de combattants ni par les affres de l’exil.

Romancier, Faruk Sehic introduit Le Livre de l’Una par une confuse séance d’hypnose, mais le lecteur peut le commencer à la page 37 par ces mots : « L’Una avec ses rives était mon refuge – forteresse verte impénétrable. C’est là sous les branches feuillues que je me cachais des hommes… Je n’entendais que le travail de mon cœur, le battement d’ailes des mouches… Quand j’entre dans un fourré de la rivière, plus rien de mal ne peut m’arriver. » Il parle en enfant qui dévale vers l’eau chaque jour, de la maison de sa grand-mère ; puis en homme revenu de la guerre, des souvenirs pour se reconstruire.

A la veille du conflit, en avril 1992, Faruk Sehic est étudiant vétérinaire. Il s’engage dans la jeune armée de Bosnie-Herzégovine. Trois ans, le temps de la guerre. Chef d’une escouade en première ligne, dans le dur, le sang, les odeurs de mort et d’urine apportées..

« Le Livre de l’Una » (Knjiga o Uni), de Faruk Sehic, traduit du bosnien par Olivier Lannuzel, Agullo, 248 p., 22,50 €, numérique 14 €.

Par Jean Hatzfeld Ecrivain - Le Monde


 

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