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Israël : Punitions collectives de familles palestiniennes

 

La autorités israéliennes ont procédé en Cisjordanie occupée à la mise sous scellés des maisons des familles de deux Palestiniens soupçonnés d'attaques contre des Israéliens ; ce type de punition collective est susceptible de constituer un crime de guerre, a déclaré Human Rights Watch aujourd'hui.

Cette mesure punitive, qui sera suivie de la démolition prévue des deux maisons, a été annoncée dans le contexte d'une flambée de violence qui a coûté la vie à 35 Palestiniens et 7 Israéliens depuis le 1er janvier 2023. La violence a inclus des raids menés illégalement par l'armée israélienne contre des villages et des camps de réfugiés palestiniens, des attaques palestiniennes contre des Israéliens, ains que des attaques menées contre des Palestiniens et leurs biens par des colons israéliens, qui sont ne sont que rarement punis pour de tels crimes.

« Les attaques délibérées contre des civils sont des crimes répréhensibles », a déclaré Omar Shakir, directeur pour Israël et la Palestine à Human Rights Watch. « Aucun grief ne peut justifier le ciblage intentionnel de civils israéliens à Neve Yaakov, mais de telles attaques ne peuvent pas non plus justifier la décision des autorités israéliennes de punir intentionnellement les familles de suspects palestiniens, en démolissant leurs maisons et en les laissant sans abri. »

L'un des assaillants palestiniens présumés, Khayri Alqam, a ouvert le feu dans la colonie israélienne de Neve Yaakov à Jérusalem-Est occupée le 27 janvier, tuant sept civils, dont un enfant, et blessant trois autres personnes, avant d'être abattu par les forces de sécurité israéliennes. Cette attaque a été perpétrée un jour après que les forces israéliennes ont tué 10 Palestiniens, dont 2 enfants et une femme de 61 ans, en blessant au moins 20, lors d'un raid dans le camp de réfugiés de Jénine.

En janvier, les forces israéliennes ont tué 35 Palestiniens, dont 8 enfants, selon le ministère de la Santé de l'Autorité palestinienne. Le raid du 26 janvier au camp de réfugiés de Jénine a fait le plus grand nombre de victimes, ce mois-là. Les autorités israéliennes ont déclaré que leurs forces étaient entrées à Jénine pour appréhender des membres de groupes armés palestiniens qui, selon elles, avaient mené des attaques contre des Israéliens. Des témoins ont rapporté un échange de coups de feu, tuant des combattants apparents ainsi que des civils. La Société du Croissant-Rouge palestinien a indiqué que les forces israéliennes avaient empêché les médecins d'entrer dans le camp de Jénine pour soigner les blessés.

Le raid a fait suite à plus de 10 mois d'intensification d’opérations de l'armée israélienne en Cisjordanie, menées après plusieurs attaques meurtrières par des Palestiniens à l'intérieur d'Israël en mars 2022. En 2022, les forces israéliennes ont tué 151 Palestiniens en Cisjordanie, dont 35 enfants, en 2022, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) ; il s’agissait du chiffre annuel le plus élevé depuis que l'ONU a commencé à enregistrer systématiquement les décès dans cette région en 2005. Les forces israéliennes utilisent régulièrement une force létale excessive ou injustifiée contre des civils palestiniens, et en sont rarement tenues responsables.

Le 28 janvier, un garçon palestinien de 13 ans a tiré sur deux Israéliens – un civil et un soldat en congé – dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, les blessant grièvement, selon une vidéo examinée par Human Rights Watch. Le garçon a ensuite été blessé par un individu armé, et a été hospitalisé. Aucun groupe armé palestinien n'a revendiqué la responsabilité des attaques de Neve Yaakov ou de Silwan.

La police israélienne a déclaré avoir arrêté 42 personnes en lien avec l'attaque de Neve Yaakov, dont de nombreux membres de la famille de Khayri Alqam et des personnes le connaissant. La plupart ont été libérés le lendemain, mais certains restent en détention, a indiqué un avocat représentant la famille Alqam le 31 janvier, dans un entretien avec Human Rights Watch. Le cabinet de sécurité israélien a également autorisé la mise sous scellés du domicile familial de Khayri Alqam, ce qui a immédiatement été mis en œuvre.

Un avocat du garçon palestinien accusé d’avoir perpétré l'attaque à Silwan a déclaré à Human Rights Watch que les autorités israéliennes ont détenu ses parents et son frère après l'attaque. Les autorités ont mis leur maison, dont les forces israéliennes ont pris le contrôle, sous scellés.

Les autorités israéliennes ont également pris une série d'autres mesures en réponse à l'attaque commise à Neve Yaakov. Ils ont intensifié la punition des propriétaires palestiniens pour « construction illégale » à Jérusalem-Est, ce qui a déjà dans le passé conduit à la démolition de maisons de Palestiniens, pour qui les permis de construire sont presque impossibles à obtenir. Les autorités israéliennes ont également annoncé leur intention de « renforcer » les colonies en Cisjordanie, qui violent pourtant le droit international. Elles ont aussi proposé une loi qui révoquerait la citoyenneté ou le permis de séjour de toute personne  accusée d’un « acte de terrorisme », et qui a été adoptée en première lecture au parlement (Knesset) le 31 janvier.

Des groupes israéliens de défense des droits humains ont documenté une recrudescence de la violence des colons en Cisjordanie depuis l'attaque de Neve Yaakov. Entre 2005 et 2021, la police israélienne a clos sans inculpation 92 % des enquêtes contre des colons ayant attaqué des Palestiniens, selon le groupe israélien de défense des droits humains Yesh Din.

Le droit international humanitaire, qui comprend le Règlement de La Haye de 1907 et la Quatrième Convention de Genève, interdit les châtiments collectifs, y compris le fait de nuire délibérément aux proches des personnes accusées d'avoir commis des crimes, en toutes circonstances. Les tribunaux du monde entier ont traité les châtiments collectifs comme un crime de guerre. Cependant, la Cour suprême d'Israël a toujours rejeté l'affirmation selon laquelle la pratique du gouvernement israélien de démolitions punitives de maisons dans le territoire palestinien occupé équivaut à une punition collective.

Divers types de châtiments collectifs, tels que les démolitions punitives de maisons et les restrictions sévères de la liberté de circulation infligées à des zones ou des communautés entières sur la base des actions d'un petit sous-groupe de personnes, font partie des politiques sur lesquelles les autorités israéliennes se sont appuyées pour opprimer systématiquement les Palestiniens, a déclaré Human Rights Watch. Human Rights Watch a précédemment conclu que l'oppression systématique des Palestiniens par les autorités israéliennes, dans le cadre d'une politique visant à maintenir la domination des Israéliens juifs sur les Palestiniens, ainsi que certains actes inhumains commis contre cette population, équivalent aux pratiques d’apartheid et de persécution, qui constituent deux crimes contre l'humanité.

World Opinions - Human Rights Watch

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