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Cinéma. « Trois mille ans à t’attendre » : George Miller s’embourbe dans une allégorie du créateur à la peine

 

Le réalisateur de la saga « Mad Max » entraîne Tilda Swinton et Idris Elba dans une fiction inspirée de contes orientaux dont la laideur plastique n’a d’égal que l’ennui qu’elle distille.

Que se passe-t-il lorsqu’un méchant cogneur australien cultive son tempérament fleur bleue ? Quand on s’appelle George Miller et qu’on a signé quatre Mad Max dévastateurs, avec des hordes de barbares ravageant les déserts postapocalyptiques, cela donne Trois mille ans à t’attendre. Soit l’histoire d’une célibataire anglaise désenchantée entre deux âges, narratologue de son métier, qui, dans un souk d’Istanbul, déniche une lampe ancienne, de laquelle surgit, une fois qu’elle est rentrée à son hôtel, un djinn en assez bon état de marche. Comme de juste, celui-ci lui propose les trois vœux traditionnels, desquels la respectable et rationnelle sujette de l’Empire britannique ne sait littéralement que faire. Tilda Swinton est ici Alithea Binnie, Idris Elba, le génie. Qui passent en somme, elle en peignoir éponge, lui doté d’une oreille de Spock et d’un bout de barbe rouge, leur temps à deviser dans une chambre d’hôtel. On se pince pour y croire.

D’autant que Miller s’attache à respecter la tradition narrative des contes orientaux, au premier rang desquels Les Mille et Une Nuits, enchâssant dans une conversation rapidement épuisée l’histoire mouvementée de son existence que se met à raconter à sa libératrice le malheureux et prolixe génie. Mécaniquement propulsé dans les diverses époques qu’a traversées le génie (depuis la reine de Saba, où il est victime de Salomon, jusqu’à Soliman le Magnifique), elles-mêmes rehaussées par la veine épique des mésaventures qui le retiennent prisonnier de la lampe, le spectateur est toutefois prié de revenir régulièrement à la chambre d’hôtel, où une autre histoire se trame cependant en douceur. La narratologue et le génie, se reconnaissant comme destins solitaires, tombent amoureux l’un de l’autre et rentrent ensemble en Angleterre.

Eloge de l’imaginaire

On ne révélera rien de plus de la trame de ce film, qui se caractérise par une mise en scène lourdement déployée et une laideur plastique insigne. L’ennui qu’il distille, en dépit de quelques saillies bienvenues, est donc un peu cher payé pour la métaphore ..

Par Jacques Mandelbaum - Le Monde

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