Le chef de l’État a tendu la main aux rapatriés d’Algérie et a reconnu la fusillade de la rue d’Isly à Alger, en mars 1962, et le massacre d’Oran, la même année.
« Impardonnable pour la République », c'est en ces termes qu'Emmanuel Macron a qualifié la fusillade de la rue d'Isly à Alger en mars 1962, dans laquelle des dizaines de partisans de l'Algérie française furent tués par l'armée. Mercredi 26 janvier, le chef de l'État s'est adressé aux rapatriés d'Algérie et a notamment estimé que le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran devait être « reconnu ».
« Ce jour-là, les soldats français déployés à contre-emploi, mal commandés, ont tiré sur des Français […] Ce jour-là, ce fut un massacre », a déclaré Emmanuel Macron, ajoutant que « 60 ans après » ce « drame passé sous silence », « la France reconnaît cette tragédie ». « Et je le dis aujourd'hui haut et clair : ce massacre du 26 mars 1962 est impardonnable pour la République. Toutes les archives françaises sur cette tragédie pourront être consultées et étudiées librement », a-t-il encore assuré.
« Ce massacre doit être regardé en face »
Évoquant la « surenchère atroce d'insécurité et de violence », « d'attentats et d'assassinats » qui scandèrent la fin de la guerre d'Algérie, Emmanuel Macron a également exhorté à reconnaître et « regarder en face » le « massacre du 5 juillet 1962 » à Oran, qui toucha « des centaines d'Européens, essentiellement des Français ». « Ce massacre doit être regardé en face et reconnu », a-t-il tranché. « La vérité doit être de mise et l'histoire transmise », a insisté le chef de l'État.
Face aux rapatriés, Emmanuel Macron a aussi souligné la difficulté de « ces mois d'adieu et de déchirure » qui ont frappé des milliers de familles. « Votre arrivée en métropole est un soulagement, car vous vous savez ici en sécurité, mais elle n'est pas une consolation, car vous vous sentez vite incompris, méprisés pour vos valeurs, votre langue, votre accent, votre culture », a rappelé le chef de l'État, déplorant que « la plupart » se soient « heurtés à l'indifférence quand ce n'était pas aux préjugés ».
Sur le chemin de la « réconciliation » ?
« Il y a 60 ans, les rapatriés d'Algérie ne furent pas écoutés. Il y a 60 ans, ils ne furent pas reçus avec l'affection que chaque citoyen français en détresse mérite », a ajouté le chef de l'État. Et désormais, « le chemin qu'il nous revient de faire est celui de cette réconciliation », a plaidé Emmanuel Macron.
Cette « reconnaissance » s'inscrit dans une série d'actes mémoriels, depuis le début du quinquennat et à l'approche du 60e anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie avec les accords d'Évian puis l'indépendance de ce pays le 5 juillet 1962. Le 20 septembre 2021, le chef de l'État avait demandé « pardon » aux harkis, supplétifs algériens de l'armée française, qui furent « abandonnés » par la France. Un projet de loi, actant ce « pardon » et tentant de « réparer » les préjudices subis, est en cours d'examen au Parlement et devrait être adopté d'ici la fin du mois de février.
Mayadin1 + Le Point.fr
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