Le géant américain est en désaccord avec certains éléments juridiques et juge le montant de cette amende dans le dossier des droits voisins « disproportionné ».
Google contre-attaque sur le plan judiciaire. Le géant américain a été condamné à une amende de 500 millions d’euros en juillet par l’Autorité de la concurrence française dans le dossier des droits voisins, première décision d’une autorité de régulation européenne sur ce sujet. Une décision contre laquelle Google a décidé de faire appel. « Nous sommes en désaccord avec certains éléments juridiques, et considérons que le montant de l’amende est disproportionné au regard des efforts que nous avons mis en place » pour appliquer les droits voisins, qui visent à rémunérer la presse pour la reprise de ses contenus par le moteur de recherche, a indiqué dans un communiqué Sébastien Missoffe, le directeur général de Google France.« Nous reconnaissons le droit voisin, et nous restons engagés pour signer des accords en France » avec les éditeurs de presse, a-t-il ajouté. Le 13 juillet, l’Autorité de la concurrence française a condamné Google à une amende de 500 millions d’euros pour ne pas avoir négocié « de bonne foi » avec les éditeurs de presse sur l’application des droits voisins. L’Autorité de la concurrence avait par ailleurs ordonné à Google de « présenter une offre de rémunération pour les utilisations actuelles de leurs contenus protégés » aux éditeurs et agences de presse, sous peine de se voir infliger des astreintes qui pourront aller jusqu’à 900 000 euros par jour au total. L'appel du géant américain sera examiné par la cour d'appel de Paris.
« Mesures d’urgence »
Mercredi, le géant américain a précisé qu’il avait pris des initiatives pour répondre aux demandes exprimées par l’Autorité de la concurrence le 13 juillet. « Nous avons étendu notre offre à plus de 1 200 éditeurs de presse, modifié certains aspects de nos contrats, et nous partageons les données qui nous ont été demandées afin de nous conformer à la décision de l’Autorité de la concurrence », a indiqué Sébastien Missoffe. Le conflit entre Google et les éditeurs de presse français concerne les droits que doit verser Google pour les contenus de presse – extraits d’articles, photos, vidéos, infographies… – qui apparaissent dans les pages de résultats lors d’une recherche de l’internaute.
Ces droits voisins sont explicitement prévus par une nouvelle législation européenne adoptée en 2019, immédiatement transposée en France. Google avait d’abord refusé de rémunérer les éditeurs, les estimant suffisamment rétribués par le trafic qu’il envoyait sur leurs sites. Saisie par les éditeurs de presse – Syndicat des éditeurs de presse de la presse magazine, Alliance de la presse d’information générale, l’Agence France-Presse –, l’Autorité avait imposé en avril 2020 des « mesures d’urgence » à Google, soit une obligation de négocier « de bonne foi » une rémunération avec les éditeurs de presse. Mais ces derniers et l’AFP avaient saisi l’Autorité de la concurrence en septembre 2020, estimant que Google ne respectait pas ses obligations.
En parallèle de ce feuilleton juridique, Google a progressivement évolué vers une position plus conciliante. L'Apig avait annoncé un accord cadre avec Google en janvier 2021, qui va être revu pour tenir compte de la décision de l'Autorité de la concurrence du 13 juillet. Plusieurs médias (Le Monde, Le Figaro, Libération et L'Express) ont également annoncé être parvenus à des accords avec Google, accords qui doivent également être revus pour tenir compte de la décision de juillet. De son côté, au moment de l'annonce de l'amende, l'AFP avait indiqué qu'elle était « proche » d'un accord avec Google. D'autres parties au dossier sont en train de préparer le terrain pour une application concrète des droits voisins, même si elles n'ont pas encore d'accord avec Google. Le SEPM et deux autres organisations professionnelles (la Fédération nationale de la presse d'information spécialisée et le Syndicat de la presse d'information indépendante en ligne) ont annoncé que l'ancien eurodéputé centriste et président de Radio France, Jean-Marie Cavada, présiderait l'organisme de gestion collective (OGC) qui collectera les droits voisins pour leur compte.
Freedom1 / AFP
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