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L'Algérie à la recherche (urgente) du vaccin contre le Covid-19

 CHOIX. L'annonce du président Tebboune de vacciner en janvier met la pression sur les autorités sanitaires, alors que le choix du vaccin n'est pas encore arrêté.

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, en convalescence en Allemagne depuis son hospitalisation fin octobre, a annoncé dimanche 20 décembre sur les réseaux sociaux avoir instruit son Premier ministre pour réunir « sans délai » le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus « pour choisir le vaccin adéquat anti-Covid-19 et lancer la campagne de vaccination à partir de janvier prochain ».

Une annonce surprise qui met la pression sur les autorités sanitaires du pays, car même l'agence officielle d'informations, l'APS, souligne que le comité scientifique « dispose ainsi d'une poignée de jours pour amorcer le processus de vaccination en prenant le soin de trancher la question la plus délicate, celle inhérente au choix du vaccin le plus approprié ».

Or, depuis plusieurs semaines, le discours officiel s'est focalisé sur l'approche « prudentielle ».

Quel vaccin ?

Une approche réitérée par le Premier ministre Abdelaziz Djerad, dimanche, qui a expliqué, quelques heures avant l'annonce présidentielle, que l'Algérie attendra que le produit soit « qualifié », tout en affirmant que « toute une logistique est en train d'être étudiée ».

« Quel vaccin l'Algérie pourrait-elle acquérir pour exécuter l'ordre du président Tebboune ? La réponse est : aucun », a réagi, dans une tribune, le Dr Yacine Terkmane, président du Conseil régional de l'Ordre des médecins de Blida. « L'Algérie a décidé depuis le mois d'août écoulé d'acquérir un vaccin préqualifié par l'OMS dans le cadre du Covax, mécanisme organisé par l'OMS, pour garantir l'efficacité, la sécurité, la disponibilité, les meilleurs prix et une équité dans la répartition des vaccins. Aucun vaccin n'a été à ce jour préqualifié par l'OMS. »

Le même spécialiste doute des capacités logistiques, qui finalement conditionneraient quel vaccin l'Algérie va acquérir : « La logistique disponible exclut les vaccins de Pfizer et de Moderna à cause des conditions de conservation à très basse température. Les autres vaccins ne nécessitent pas de moyens très particuliers. Le dispositif qui est en train d'être mis en place conjointement par les ministères de l'Intérieur et de la Santé pourrait, dans un délai de quelques semaines, être opérationnel. »

L'option chinoise ?

« Si c'est un vaccin similaire à celui que nous avons l'habitude d'utiliser, il n'y a aucun problème. Nous avons vacciné 10 000 enfants en une semaine », avait indiqué le ministre de la Santé lors d'une rencontre avec des médias.

Or, El Watan a révélé, le 6 décembre dernier, que « la campagne de vaccination ne pourrait intervenir dans le meilleur des cas que vers la fin du deuxième trimestre 2021 », et cela « au vu de toutes les procédures, administratives, scientifiques et réglementaires, préalables pour l'acquisition de ce produit, dont la source d'approvisionnement n'est à ce jour pas encore révélée ».

Le même journal précise que les choix les plus proches de l'approche algérienne seraient « les entreprises chinoises dont deux avancées dans la recherche, à savoir Sinopharm et Sinovac qui prévoient de porter les capacités de production actuellement limitées à environ 400 millions de doses par an vers la fin de l'année 2020 ».

Sans aller dans trop de détails, le ministre délégué à l'Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a assuré, début décembre, que « l'Algérie a les capacités de produire le vaccin contre le coronavirus », sans donner plus de détails sur le vaccin.

La Russie, qui est en contact avec les autorités algériennes concernant la question du vaccin Sputnik V, a annoncé pour sa part qu'une cinquantaine de pays, notamment africains, allaient fabriquer ce vaccin.

Les capacités industrielles de la Russie sont moins importantes que celle de la Chine spécialisée dans la production massive et à bas coût en plus, des atouts qui permettent à Pékin de déployer sa « diplomatie du vaccin ».

Le vaccin gratuit pour tous

En effet, en plus des contraintes logistiques qui pèsent sur le choix du vaccin, il y a aussi le prix à y mettre. Le ministre de la Santé algérien a déclaré, le 14 décembre dernier à la radio publique : « La médecine a toujours été gratuite en Algérie, pourquoi voudriez-vous qu'on fasse payer les citoyens pour un péril ? Le vaccin contre le Covid-19 sera donc forcément gratuit pour toutes les catégories de la population. »

« Quel que soit le vaccin qui est choisi, le marché s'est beaucoup rétréci par notre indécision parce que nous avons marqué des temps d'arrêt en disant que nous attendons tel organisme ou tel autre », a déclaré le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président de l'Ordre des médecins et membre du comité scientifique.

Ce mardi 22 décembre, lors d'une réunion présidée par le Premier ministre, annonce a été faite que le « comité scientifique a d'ores et déjà arrêté une short liste des laboratoires développeurs de vaccins et que les contrats sont en cours de finalisation pour les premières livraisons ».

Par Adlène Meddi, à Alger - lepoint.fr

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