"Le président Abdel Fattah al-Sissi est soutenu par une junte militaire qui n'a pour objectif que d'organiser un système répressif alimenté par une torture généralisée dans les prisons", dénonce la FIDH qui demande à Emmanuel Macron de suspendre notamment les ventes d'armes.
Emmanuel Macron reçoit lundi 7 décembre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, partenaire stratégique de la France, pour faire le point sur plusieurs crises régionales, dont la Libye. Une visite contestée en raison de la situation des droits de l'Homme en Égypte. "L'Égypte du président Abdel Fattah al-Sissi est dans l'histoire de l'Égypte moderne" celle de "la répression la plus importante que l'on n'ait jamais vue", a estimé lundi 7 décembre sur franceinfo Antoine Madelin, directeur du plaidoyer à la FIDH, la Fédération internationale pour les droits humains.
franceinfo : En quoi cette visite vous dérange-t-elle ?
Antoine Madelin : L'Égypte du président Abdel Fattah al-Sissi est dans l'histoire de l'Égypte moderne [celle de] la répression la plus importante que l'on n'ait jamais vue. La plupart des avocats, des militants des droits humains, des journalistes, des syndicalistes sont arrêtés pour avoir simplement exercé leurs droits et leur fonction principale.
Le président Abdel Fattah al-Sissi va rencontrer de nombreux membres du gouvernement. Auriez-vous préféré qu'il ne vienne pas ?
Il est particulièrement problématique de dérouler le tapis rouge à ce président qui bafoue toutes les valeurs que la République française est censée défendre. Nous avons demandé aux autorités françaises de dénoncer les problèmes que constituent l'ensemble de ces arrestations, mais les autorités égyptiennes continuent et maintiennent leur répression. Nous demandons aux autorités françaises de revoir ce partenariat qui est dangereux puisqu'il s'agit d'alimenter une répression qui est dangereuse pour la sécurité du pays.
Sait-on combien il y a des prisonniers politiques ?
On imagine qu'il y a à peu près 60 000 personnes en prison pour un délit d'opinion, parmi elles des journalistes, des défenseurs des droits humains, des avocats, des personnes qui tout simplement travaillent pour organiser une société plus ouverte en Égypte. Face à cela, on assiste à la mise en place d'un régime autoritaire. Le président Abdel Fattah al-Sissi est soutenu par une junte militaire qui n'a pour objectif que d'organiser le contrôle de sa propre population en organisant un système répressif alimenté par une torture généralisée dans les prisons.
"Les tribunaux ont été qualifiés par les Nations Unies comme une mascarade de justice, on est donc dans un système particulièrement refermé, jamais vu dans l'histoire de l'Égypte."
Antoine Madelin, directeur du plaidoyer à la FIDH à franceinfo
Sait-on de quelle façon la France vend des armes à l'Égypte ?
L'Égypte reste un client privilégié des vendeurs d'armes français avec le soutien du gouvernement français puisque l'exécutif doit donner son feu vert pour toute vente de matériel de surveillance ou d'armement auprès des autorités égyptiennes. Il y a un laisser-faire qui est problématique puisqu'on constate une société brisée en Égypte.
Qu'attendez-vous d'Emmanuel Macron ?
On lui a demandé d'obtenir un certain nombre de libérations, notamment de défenseurs, de dirigeants d'ONG ou de militants. On lui demande de revoir et de suspendre le soutien à l'équipement militaire à l'encontre des autorités égyptiennes.
Freedom1/France info
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