CHRONIQUE. « Ultime preuve d'amour », un roman de Michel Canesi et Jamil Rahmani, raconte une histoire d'amour à l'épreuve de l'Histoire entre les deux pays.
Entre l'Algérie et la France subsiste une mémoire meurtrie qu'aucun chef d'État n'a réussi à apaiser. La guerre, qui a abouti à l'indépendance, a été terrible des deux côtés. Plus d'un demi-siècle après, les blessures suintent encore, et rien ne parvient à les fermer. La littérature caresse cette ambition. C'est justement ce que vient de réussir le duo Michel Canesi-Jamil Rahmani dans un roman qui parle d'amour. C'est dire la volonté des auteurs de vouloir rappeler le drame sans culpabiliser personne.
Ultime preuve d'amour,qui vient de sortir aux éditions Anne Carrière, s'attache à restituer cette Algérie du début des années soixante, au moment où le sort des pieds noirs est scellé par le général de Gaulle. Ils quittent l'Algérie comme s'ils partaient en exil dans une métropole qu'ils considéraient comme une mère étrangère, une mère abusive et à la mémoire courte. Pierre et Inès s'aiment à la folie. Leur passion va être bousculée, leurs destins criblés de balles. Elle est algérienne, musulmane, appartenant à une famille traditionnelle. Lui, français, né en Algérie, refuse ce qui arrive et s'engage dans les rangs de l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Il dit que « son Algérie est morte le 3 juillet 1962 ». Une autre Algérie est née.
Entre l'Algérie et la France subsiste une mémoire meurtrie qu'aucun chef d'État n'a réussi à apaiser. La guerre, qui a abouti à l'indépendance, a été terrible des deux côtés. Plus d'un demi-siècle après, les blessures suintent encore, et rien ne parvient à les fermer. La littérature caresse cette ambition. C'est justement ce que vient de réussir le duo Michel Canesi-Jamil Rahmani dans un roman qui parle d'amour. C'est dire la volonté des auteurs de vouloir rappeler le drame sans culpabiliser personne.
Ultime preuve d'amour,qui vient de sortir aux éditions Anne Carrière, s'attache à restituer cette Algérie du début des années soixante, au moment où le sort des pieds noirs est scellé par le général de Gaulle. Ils quittent l'Algérie comme s'ils partaient en exil dans une métropole qu'ils considéraient comme une mère étrangère, une mère abusive et à la mémoire courte. Pierre et Inès s'aiment à la folie. Leur passion va être bousculée, leurs destins criblés de balles. Elle est algérienne, musulmane, appartenant à une famille traditionnelle. Lui, français, né en Algérie, refuse ce qui arrive et s'engage dans les rangs de l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Il dit que « son Algérie est morte le 3 juillet 1962 ». Une autre Algérie est née.
Le premier amour est toujours le dernier.La rupture est brutale, mais l'amour d'Inès est intact. Pour Pierre, « l'oubli du bonheur masquait la douleur de la perte ». L'indépendance est synonyme d'espoir et de vie nouvelle. Inès fait remarquer cependant qu'Alger « changeait doucement, elle s'emplissait de pauvres gens venus du bled ». La déception sera à la hauteur des sacrifices consentis par des patriotes. Inès se plie à la nouvelle réalité, tente d'oublier l'homme de sa vie et accepte de se marier avec Rachid, un jeune homme de qualité. Elle espérait ainsi passer d'un amour fou à un amour raisonnable. Mais elle restait malgré tout persuadée que « le premier amour est toujours le dernier ». L'histoire avance et écrase les destins personnels. Nous sommes dans les années quatre-vingt-dix. C'est la guerre civile entre les tenants d'un islam dur et radical et les autres. Inès vit cette tragédie en étant sur le terrain.
L'ultime preuve d'amour sera donnée aussi bien au pays qu'à Inès par Rachid qui tombe gravement malade. C'est Pierre qui est chargé de le soigner en France. Inès retrouve l'homme qu'elle a toujours aimé. Pudique et respectueuse, elle assiste son mari dans l'épreuve. Ses enfants, restés en Algérie, n'arrivent pas à obtenir un visa pour se rendre au chevet de leur père. Plus tard, après la mort de Rachid, Pierre reviendra voir Inès en Algérie où sévit une guerre civile atroce. Il l'aide à soigner les blessés de cette tragédie. Pierre constate qu'il a été « un terroriste » et ajoute : « Aujourd'hui, j'ai tenté de réparer les blessures que j'ai infligées il y a trente ans. »
Je ne sais pas si la littérature a encore quelque pouvoir, mais ce roman, sobre et généreux, devrait aider ceux dont la mémoire franco-algérienne souffre encore de séquelles, à dépasser le temps des blessures et des rancœurs, et accepter de poser un regard apaisé sur deux sociétés qui s'aiment si mal. Dans le roman, la preuve d'amour est donnée par Rachid, ce qui ne veut pas dire que Pierre, l'ancien militant OAS, n'a pas révisé son radicalisme pour enfin accepter le réel et revivre ses premiers émois amoureux. C'est, par les temps qui courent, un authentique roman d'amour, écrit par amour d'une Algérie qu'on espère réellement libre, prospère et vivante, un pays et une société réconciliés avec ce qu'il y a de meilleur en France.
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