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Cinéma. "Pour Sama", un documentaire poignant dans l'enfer d'Alep

Le documentaire choc "Pour Sama" raconte l’horreur du siège de la ville syrienne d'Alep en 2016 à travers le regard d’une jeune mère.
Certains films résonnent comme un cri d’alarme nécessaire. Pour Sama est le documentaire choc de la rentrée, à voir absolument. Parce que sa réalisatrice, Waad al-Kateab, a _ littéralement _ risqué sa vie pour le tourner. En juillet 2016 en Syrie, dans la ville d’Alep assiégée et dévastée, cette jeune femme courageuse décide de rester, pour aider son mari Hamza, médecin dans un hôpital de fortune qui ne désemplit pas. Là, elle donne naissance à une fille, Sama. Alors elle commence à tenir un journal intime filmé avec les moyens du bord (un smartphone) pour rendre compte de son quotidien sous le régime de la terreur de Bashar al-Assad.
Des bombardements aux charniers, son témoignage de l’intérieur est sans concession. Surtout quand son cœur de maman est bouleversé par les enfants qui défilent aux urgences : en pleurs, en état de malnutrition, blessés, amputés, morts. La détresse des parents, des frères et sœurs en deuil est indescriptible. Parfois, un miracle se produit, comme ce matin où un bébé né par césarienne, après que sa mère a été soufflée par une explosion dans la rue, est réanimé après de longues minutes d’angoisse durant lesquelles il ne respirait pas.

"Je l'ai fait pour ma fille"

Pour Sama raconte le temps du bonheur à l’université quatre ans auparavant, quand Waad faisait des études de marketing, et la réalité de la guerre qui va forcer la famille à l’exil en décembre 2016. Récompensé par l’Œil d’or au Festival de Cannes, ce constat révoltant et bouleversant marque les mémoires de manière indélébile. "Ce film, je l’ai fait pour ma fille, pour lui montrer notre combat contre l’oppression et pour la liberté, note la journaliste et réalisatrice. L’idée de quitter Alep s’est posée rapidement. Mais tenter de vivre normalement était notre façon de contester la brutalité du gouvernement syrien. On a abandonné notre maison pour nous barricader pendant six mois dans l’hôpital, dont toutes les ouvertures étaient calfeutrées par de gros sacs de sable pour stopper les balles et les éclats d’obus."
Aujourd’hui, Waad, en sécurité à Londres avec Hamza, travaille pour la chaîne Channel 4. Sama, 4 ans, a désormais une sœur âgée de 2 ans et demi. "Nous apprivoisons doucement notre nouvelle vie et nous savons qu’il n’y aura pas de retour possible tant que Bashar al-Assad sera au pouvoir. Six millions de réfugiés sont concernés."

Un acte de résistance

Waad al-Kateab considère son film comme un acte de résistance, le seul moyen qu’elle ait trouvé à l’époque pour exprimer sa voix. "J’accumulais toutes les images que je pouvais. Je me servais de mon téléphone car posséder une caméra était un crime. Je savais que c’était très dangereux, j’avais conscience qu’à tout moment je pouvais me faire arrêter mais je devais dénoncer la propagande du régime en montrant toute la vérité à travers l’histoire d’une famille qui aspirait à une existence ordinaire, la mienne. J’espère que les pays de l’Ouest vont enfin comprendre la réalité de l’horreur qui se déroulait à Alep : l’anéantissement total d’une population et d’une ville."
Elle ne craignait pas de malmener le public avec des séquences trop violentes. "Il ne fallait pas se voiler la face. Je sais que c’est dérangeant mais j’ai vu bien pire hélas." Elle n’a jamais sacrifié son humanité. "On devient résilient. Parfois, on perd espoir. Puis on retrouve l’énergie d’aller de l’avant. Je n’arrive pas encore à tirer un trait sur le passé. J’ai besoin de temps."
ParStéphanie Belpeche - lejdd.fr

Pour Sama ***

De Waad Al-Kateab et Edward Watts. 1h35.
En 2016, dans Alep assiégé, Waad s'occupe de son bébé, la petite Sama. Malgré le danger, elle aide son mari médecin hospitalier et filme avec son smartphone leur quotidien sous le régime de terreur de Bachar El-Assad… Certains récits résonnent comme un cri d'alarme nécessaire. La journaliste et réalisatrice a tourné ce film choc au péril de sa vie. Son témoignage, sans concession, montre comment son coeur de mère est mis à l'épreuve par tous les enfants qui défilent aux urgences : affamés, blessés, amputés ou morts. La détresse des familles est indescriptible. Oeil d'or du documentaire à Cannes, ce manifeste révoltant et bouleversant marque les esprits de manière indélébile.

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