À Angoulême, la manifestation qui fête sa 43e édition voit les institutions du continent – Femi Kuti, Orchestra Baobab, Touré Kunda - bousculées par de les jeunes groupes rap et électro.
Après avoir quitté le centre d’Angoulême, il faut rouler longtemps dans des rues sans charme ponctuées de pavillons et d’usines, pour enfin déboucher sur le magique site de la Nef, complexe culturel et havre musical, qui accueille pendant trois jours (du 1er au 3 juin), la 43eédition de Musiques Métisses.
Parfums de maffé et de beignets, faune bigarrée portant dreadlocks et bonnets africains, coussins en wax pour faire une petite pause entre deux pintes de bière sous de grands arbres… c’est dans une ambiance « afro-champêtre » que se déroule l’un des événements les plus attendus des amateurs de « musique du monde » (ils étaient 6 000 l’année dernière).
Sauf que cette édition, avec son programme chargé (15 concerts et 10 DJ sets prévus), prend une tournure un peu différente et voit la fin quasi-officielle du règne des musiques traditionnelles, confrontées à l’essor toujours plus puissant des musiques urbaines du continent. Au-delà de valeurs sûres comme Femi Kuti, Touré Kunda ou Orchestra Baobab, de jeunes pousses électro et rap font vibrer les festivaliers comme les Palestiniens de 47 Soul, la DJ franco-tunisienne Missy Ness, le DJ sud-africain Mo Laudi, le groupe futuriste tunisiano-marocain Ammar 808 ou encore la tête d’affiche Chinese Man, des Marseillais qui se sont dans un passé récent acoquinés avec le rappeur sud-africain Tumi.
Mais ce renouvellement était aussi une question vitale. Le festival, un temps donné pour mort, aujourd’hui endetté à hauteur de 100 000 euros, s’est engagé à rembourser 11 000 euros par an pendant neuf ans. Les musiques « jeunes » pourraient permettre de sortir de l’ornière. « On ne va pas se mentir, des stars de la musique traditionnelle comme Toumani Diabaté, par exemple, attirent un public essentiellement blanc et vieillissant, donc un public qui se rend moins au concert, note Patrick Duval. Nous avons vécu il n’y a pas si longtemps des heures fastes avec Compay Segundo ou Cesaria Evora, d’énormes succès populaires en France, mais quel artiste africain de l’ancienne génération serait capable aujourd’hui de remplir le Zénith ? Youssou N’Dour, peut-être… mais seulement à Paris parce qu’il y vit une importante communauté d’origine sénégalaise.»
Après avoir quitté le centre d’Angoulême, il faut rouler longtemps dans des rues sans charme ponctuées de pavillons et d’usines, pour enfin déboucher sur le magique site de la Nef, complexe culturel et havre musical, qui accueille pendant trois jours (du 1er au 3 juin), la 43eédition de Musiques Métisses.
Parfums de maffé et de beignets, faune bigarrée portant dreadlocks et bonnets africains, coussins en wax pour faire une petite pause entre deux pintes de bière sous de grands arbres… c’est dans une ambiance « afro-champêtre » que se déroule l’un des événements les plus attendus des amateurs de « musique du monde » (ils étaient 6 000 l’année dernière).
Sauf que cette édition, avec son programme chargé (15 concerts et 10 DJ sets prévus), prend une tournure un peu différente et voit la fin quasi-officielle du règne des musiques traditionnelles, confrontées à l’essor toujours plus puissant des musiques urbaines du continent. Au-delà de valeurs sûres comme Femi Kuti, Touré Kunda ou Orchestra Baobab, de jeunes pousses électro et rap font vibrer les festivaliers comme les Palestiniens de 47 Soul, la DJ franco-tunisienne Missy Ness, le DJ sud-africain Mo Laudi, le groupe futuriste tunisiano-marocain Ammar 808 ou encore la tête d’affiche Chinese Man, des Marseillais qui se sont dans un passé récent acoquinés avec le rappeur sud-africain Tumi.
Rap à Ramallah
Le festival, créé en 1976, a toujours permis de prendre le pouls des musiques actuelles. C’est ici que les musiciens africains ont pu prouver qu’une alternative existait à la pop anglo-saxonne, et qu’ils étaient aussi porteurs d’une modernité. Salif Keïta, Khaled, Cheb Mami, Femi Kuti, Bonga -entre autres-, ont fait leur première grande scène à Musiques Métisses.
C’est donc assez naturellement que Patrick Duval, programmateur musical du festival succédant à Christian Mousset, a tendu l’oreille aux nouvelles sonorités du continent. « En France, on reste encore sur des clichés concernant la musique africaine, estime le programmateur. À un moment où le rap est la musique dominante, où l’électro perce partout, il est important pour nous de montrer que ces courants sont aussi très vivace à Lagos, Dakar ou Ramallah. »
Quel artiste africain de l’ancienne génération serait capable aujourd’hui de remplir le Zénith ?
Mais ce renouvellement était aussi une question vitale. Le festival, un temps donné pour mort, aujourd’hui endetté à hauteur de 100 000 euros, s’est engagé à rembourser 11 000 euros par an pendant neuf ans. Les musiques « jeunes » pourraient permettre de sortir de l’ornière. « On ne va pas se mentir, des stars de la musique traditionnelle comme Toumani Diabaté, par exemple, attirent un public essentiellement blanc et vieillissant, donc un public qui se rend moins au concert, note Patrick Duval. Nous avons vécu il n’y a pas si longtemps des heures fastes avec Compay Segundo ou Cesaria Evora, d’énormes succès populaires en France, mais quel artiste africain de l’ancienne génération serait capable aujourd’hui de remplir le Zénith ? Youssou N’Dour, peut-être… mais seulement à Paris parce qu’il y vit une importante communauté d’origine sénégalaise.»
Son globalisé et décomplexé
Heureusement ces dix dernières années ont vu un jaillissement sans précédent de sonorités nouvelles, déjà portées sur d’autres scènes (Afropunk, Visa for music à Rabat, Electrafric à Dakar…) . « Pour moi, cela tient à un faisceau de facteurs, note la DJ Missy Ness. Internet s’est démocratisé, permettant d’accéder à n’importe quel son ; MTV a propulsé le rap chez des tas de gens, qui ont naturellement voulu imiter Snoop Dogg ou Dr. Dre ; et même des logiciels de création musicale sont disponibles « gratuitement »… si on sait les cracker. »
L’artiste de 31 ans, comme beaucoup d’autres talents de sa génération,est porteuse d’un son globalisé, décomplexé, qui peut piocher sur tous les continents et à toutes les époques, marier le rappeur grime londonien Skepta à la diva égyptienne Oum Kalthoum. Et lorsque l’on voit la foule de jeunes festivaliers danser à s’en vriller les chevilles devant ses platines, on se dit que le défi de reconquête de Musiques Métisses est déjà presque gagné.
Par Léo Pajon/jeuneafrique.com
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