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Zone de libre-échange : un pas décisif pour plus d'intégration africaine

Au-delà de la perspective de la communauté économique en 2028, la création par 44 pays de la Zone de libre-échange continentale devrait d'abord contribuer à dynamiser le commerce intra-africain.
Plus que jamais pour l'Afrique, c'est l'union qui fait la force. Quarante-quatre pays du continent ont signé ce mercredi 21 mars 2018 à Kigali l'accord créant une zone de libre-échange continentale (Zlec), perçue comme essentielle au développement économique de l'Afrique, a annoncé l'Union africaine (UA). « L'intégration économique répond donc non seulement à une aspiration née du panafricanisme, mais aussi à un impératif pratique lié à la viabilité économique du continent. » Vécu par beaucoup comme une évidence depuis la signature en 1991 du traité d'Abuja, qui sert de base juridique, il en a fallu du temps pour que les États membres franchissent enfin le pas.

Un pas de plus vers l'intégration et l'unité ?

« L'accord établissant la Zlec a été signé par 44 pays », a confirmé le président de la commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, en conclusion d'un sommet de l'organisation dans la capitale rwandaise. Cette zone de libre-échange (ZLE) est un rêve plus que centenaire. La signature du traité de libre-échange le 10 juin 2015 lors du sommet de Charm el-Cheick en Égypte, est intervenu après des premiers frémissements en 2012. Elle a d'abord concerné l'Afrique australe, de l'est et une partie de l'Afrique centrale représentant la fusion des trois blocs régionaux (Comesa, CAE et SADC), composés de 26 pays. Si sa mise en application était prévue pour juin 2017, les ratifications nationales du traité ont pris beaucoup de retard notamment dans certains pays clés comme le Nigeria qui s'est finalement retiré du processus, à la surprise générale. Le président nigérian Muhammadu Buhari avait décidé de ne pas faire le déplacement à Kigali, après avoir accepté de « donner plus de temps aux consultations » dans son pays, alors qu'un des plus grands syndicats du pays, le Nigeria Labour Congress (NLC), eut dit craindre les effets négatifs de la Zlec pour l'économie nationale. Ce syndicat avait aussi demandé à être davantage impliqué dans les négociations.

Les obstacles sont encore nombreux

Parmi les autres non-signataires, dont la liste exacte n'a pas été communiquée, on trouve notamment, le Bénin, l'Érythrée, le Burundi, la Namibie et la Sierra Leone. Certains pays très protectionnistes, comme l'Algérie, ont en revanche apposé leur signature.
« Certains pays ont des réserves et n'ont pas encore finalisé leurs consultations à l'échelle nationale. Mais nous aurons un autre sommet en Mauritanie en juillet et nous espérons que les pays ayant des réserves signeront alors », a déclaré le commissaire de l'UA chargé du Commerce et de l'Industrie, Albert Muchanga.
À plus long terme, cette fusion de zones économiques pourrait être l'élan pour le projet plus ambitieux encore de l'UA de parvenir à ouvrir la voie à l'accélération de la mise en place de l'union douanière en 2022, et une communauté économique africaine d'ici 2028. Si les 55 pays membres de l'UA signent le document, la Zlec ouvrira l'accès à un marché de 1,2 milliard de personnes, pour un PIB cumulé de plus de 2 500 milliards de dollars. D'autre part, l'UA estime que l'élimination progressive des droits de douane entre membres de la Zlec permettra d'augmenter de 60 % d'ici à 2022 le niveau de commerce intra-africain.
Les critiques du projet observent que la piètre qualité des infrastructures de transport et le manque de complémentarité entre les économies africaines sont un frein au développement du commerce intra-africain. 
Actuellement, seulement 16 % du commerce des pays africains s'effectue avec d'autres pays du continent, alors que, dans la zone l'UE, en l'Asie ou encore en l'Amérique du Nord, le commerce intrarégional représente respectivement 70 %, 52 % et 50 % des échanges. En outre, la part de l'Afrique dans le commerce mondial est encore plus dérisoire puisqu'elle n'en représente qu'environ 2 %. Loin d'être réglée, reste la question de la mobilité des travailleurs entre les pays africains, l'une des questions les plus litigieuses pour les dirigeants africains en raison de problèmes d'instabilité sécuritaire ou politique. Pour entrer en vigueur – pas avant un délai de 180 jours –, l'accord doit encore être ratifié à l'échelle nationale par les pays signataires.

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