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Immigration : des arrivées et des renvois en hausse en 2017

La Direction générale des étrangers de France a publié son rapport, mardi, sur les chiffres de l’immigration en 2017 alors qu’Emmanuel Macron se rend à Calais.
En 2017, la France a délivré 13,7 % de nouveaux titres de séjours de plus qu’en 2016. Quelque 262 000 étrangers en ont obtenu un premier. Rendues publiques par le ministère de l’intérieur mardi 16 janvier, les données 2017 sur l’immigration risquent d’alimenter la polémique sur ce sujet difficile à manier en finesse. D’autant qu’ils sont annoncés le jour même où le chef de l’Etat fait sa première sortie sur le thème, et alors que la future loi asile et immigration fait débat.
Les entrées 2017 se sont d’abord faites pour motif familial : 91 070 étrangers ont obtenu un premier titre de séjour (+ 2,2 %), majoritairement parce qu’ils ont épousé un ressortissant français ou fait venir des membres de leur famille. Le deuxième groupe de nouveaux venus, lui, est composé des étudiants qui ont été 88 095 à commencer un cursus en France (+ 19,6 %). Vient ensuite la catégorie des visas humanitaires délivrés à 40 305 personnes (+ 35 %), essentiellement au titre de l’asile ; puis les 27 690 nouveaux venus (+ 20,5 %) autorisés pour la première fois à venir travailler en France.
Ce distinguo permet de comprendre combien ces entrées sont un mixte d’« immigration subie » et de « migration choisie ». Les passeports talents, voie royale offerte à ceux que la France rêve de faire venir, tiennent une place particulière dans ce paysage. A l’heure de la bataille mondiale des cerveaux, la France est peut-être en train de trouver des moyens d’attirer avec ce dispositif puisque 27 856 ont été délivrés (ou renouvelés) depuis leur création fin 2016. Depuis 2012, la hausse des entrées est continue et régulière en France.

Affaire compliquée

A l’autre bout de la chaîne, 27 373 personnes, soit 10,8 % de plus qu’en 2016 ont, elles, quitté la France en 2017. Comme les entrées, ce nombre amalgame des réalités disparates. Il intègre d’abord les 6 596 renvois forcés vers des pays extérieurs à l’Union européenne. C’est la donnée la plus emblématique de la politique pudiquement baptisée de « reconduite ». Ce nombre, en hausse de 7 % par rapport à une « mauvaise » année 2016 en matière de renvoi, ne fait que rattraper le nombre d’expulsions de 2015 (6 311). Il concerne évidemment les déboutés du droit d’asile, que le gouvernement Philippe promet de renvoyer plus massivement. C’est d’ailleurs l’esprit dominant du projet de loi qui sera présenté en conseil des ministres le 21 février et c’est le cœur de la politique menée par Gérard Collomb depuis son arrivée Place Beauvau.
Ces renvois hors Union Européenne s’ajoutent aux expulsions de ressortissants européens (essentiellement Roumains) en hausse de 9,2 %, et surtout à la remise à l’avion des « Dublinés ». Cette dernière catégorie concerne les demandeurs d’asile qui ont laissé leurs empreintes dans un autre pays d’Europe, vers lequel la France voudrait les renvoyer. Le gouvernement met beaucoup d’énergie et de moyens pour obtenir leur réadmission, afin qu’ils ne demandent pas l’asile en France. Mais l’affaire est compliquée, même si, au final, cette énergie dépensée aboutit à une hausse de 37,5 %, avec 4 589 départs forcés. Le résultat reste cependant mitigé puisqu’un tiers des 100 412 demandeurs d’asile de 2017 étaient « dublinables ».

Politique offensive

A tout cela s’ajoutent des départs spontanés (+ 43,5 %), parfois aidés d’un petit coup de pouce. Si la première catégorie intègre tous ceux qui pour des raisons variées ont décidé de rentrer chez eux, la seconde concerne essentiellement des Afghans et des Albanais usés par leur périple migratoire. L’Office français de l’immigration et de l’intégration mène une politique offensive, et offre des aides à la réinstallation qui ont convaincu 28,2 % de personnes de plus qu’en 2016. Ainsi, ils sont 1 078 à avoirdécidé de repartir et sont aidés financièrement pour développer un projet économique s’ils sont Afghans (pas s’ils sont albanais).
Par ailleurs, dans le contexte du rétablissement des contrôles aux frontières intérieures, les non-admissions d’étrangers ont fortement augmenté comme le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb s’en était plusieurs fois félicité. En 2017, 85 408 personnes se sont vues notifier un refus d’entrer, soit une hausse de 34 %. Cette pratique est surtout à l’œuvre à la frontière franco-italienne.
L’équilibre n’est pas facile à trouver pour la France, qui se veut pays touristique, et souhaite en même temps limiter les entrées de personnes qui pourraient profiter d’un visa court séjour pour s’installer. Après le repli de 2016, le nombre de visas délivrés repart à la hausse en 2017, avec un total de 3 420 395 (+ 11 %). Les ressortissants chinois, indiens et russes en sont les premiers bénéficiaires et cette fois encore la Chine reste le premier pays d’origine des titulaires de visas (849 550 délivrés). Soit 18,7 % de plus qu’en 2016.

Le Monde.fr avec AFP 

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