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Cinéma : "La Promesse de l'aube", l'amour inconditionnel d'une mère. Vidéo

Pour la deuxième fois, le roman de Romain Gary, "La Promesse de l'aube", est adapté au cinéma. Le réalisateur Eric Barbier retranscrit la relation fusionnelle entre l'écrivain et sa mère. Un amour oppressant, mais moteur dans sa carrière.
"Sales petites punaises bourgeoises ! Vous ne savez pas à qui vous avez l’honneur de parler ! Mon fils sera ambassadeur de France, chevalier de la Légion d’honneur, grand auteur dramatique, Ibsen, Grabriele d’Annunzio !". Ces quelques lignes extraites de "La Promesse de l’aube", de Romain Garyrésument à elles toutes seules l’âme de ce roman devenu un classique de la littérature : un amour oppressant, possessif, insatiable, celui d’une mère pour son fils.
Cinquante-sept ans après la publication de l'œuvre, Éric Barbier est le deuxième réalisateur à en faire l’adaptation sur grand écran, après Jules Dassin en 1971. De l’enfance de l’écrivain à Vilnius en Lituanie, en passant par la Pologne, puis Nice, jusqu’à son engagement dans les Forces Françaises Libres durant la Seconde Guerre mondiale, il retrace le parcours de Romain Gary, fils de Nina, une émigrée russe, fantasque, en mal de reconnaissance.
"Une double promesse"
Et le résultat est plutôt réussi. Dans cette version 2017, le cinéaste retranscrit avec justesse l’esprit du livre et cette relation mère-fils si particulière. " 'La Promesse de l’aube' est l’histoire d’un couple fusionnel", explique Éric Barbier. "C’est une double promesse. Nina fait la promesse à son fils de l’aimer quoi qu’il advienne, de le soutenir de manière inconsidérée, entière. En échange, Romain lui promet de réussir et de devenir célèbre. Le film est l’histoire d’un fils qui se bat pour que le rêve de sa mère devienne réel".
Pour le rôle de cette femme étouffante, torturée, à la limite de la folie, Éric Barbier a choisi de faire confiance à Charlotte Gainsbourg. Alors que l’actrice aurait pu tomber dans la caricature, en interprétant avec un accent russe à couper au couteau, l’exubérante Nina, elle a au contraire trouvé le ton juste, sans en faire trop. Débordante d'amour, elle endosse parfaitement le costume de la mère de Romain Gary. Avec le bon dosage, elle montre combien cette passion encombrante est finalement devenue un moteur dans la vie de l’écrivain. Un amour qui l’a amené à se surpasser et à devenir l’un des plus grands auteurs de sa génération.
Un cri d’amour à la France
Alors que Charlotte Gainsbourg se révèle bouleversante et fiévreusement habitée par le fantôme de Nina, Pierre Niney se montrerait moins subtile. À l'écran, il n'égale pas l'intensité de sa partenaire. Dans le rôle de l'écrivain, le jeune acteur surjoue, plus qu'il ne convainc, spécialement lorsqu'il se retrouve grimé en Romain Gary vieillisssant. Dans sa voix off, omniprésente, on retrouve toutefois le ton du livre, à la fois poignant et teinté d’humour, le regard acide et lucide du romancier sur sa relation maternelle. "Je crois que jamais un fils n'a haï sa mère autant que moi, à ce moment-là", se met à penser Romain Gary lorsque Nina lui rend une visite surprise à l’armée, devant tous ses camarades.
Au-delà de ce face-à-face dévorant, le film se veut aussi un cri d’amour à la France. Dès son enfance misérable dans les rues de Vilnius, l’écrivain n’a jamais cessé d’entendre de la bouche de sa mère que sa véritable patrie était celle de Victor Hugo. Celui qui eut pour pays au début de sa vie la Russie, puis la Pologne, s’est toujours revendiqué français. Naturalisé en 1935, il n’a pas hésité à rejoindre le général de Gaulle dès 1940, pour défendre ce pays où il n’était même pas né. Comme Nina l’avait prédit, Romain Gary a bien obtenu la Légion d’honneur. Le petit garçon de Vilnius est même devenu Compagnon de la Libération. "Je n’ai pas démérité, j’ai tenu ma promesse et je continue. J’ai servi la France de tout mon cœur, puisque c’est tout ce qui me reste de ma mère, à part une petite photo d’identité", a-t-il résumé dans "La Promesse de l’aube".
PAR  Stéphanie TROUILLARD

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