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A Barcelone, des milliers de Catalans se mobilisent contre la violence de la police

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, mardi matin, dans les rues de la capitale catalane, répondant également à l’appel à la grève générale.
C’est dans le calme mais avec détermination que des milliers de personnes, 300 000 selon la police municipale, ont dévalé, dans la matinée du mardi 3 octobre, les artères du centre-ville de Barcelone. Dès 10 heures, une centaine de manifestants se sont rassemblés devant un immeuble de la police nationale via Laietana pour dénoncer les violences survenues, dimanche, aux abords des bureaux de vote. Aux cris d’« assassins »,« la rue appartiendra toujours au peuple » et « police d’occupation », jeunes et moins jeunes ont été peu à peu rejoints par des milliers d’autres personnes. Face à eux, les policiers nationaux, disposés en ligne, sont restés immobiles.
C’est contre eux et leur « violence » que Josep, 23 ans, un drapeau catalan accroché autour du cou, est venu manifester« Ils vont continuer à nous provoquer, mais nous voulons juste notre liberté et, bientôt, nous allons l’obtenir », lance cet étudiant en économie qui, comme la majorité des personnes croisées ce matin, a voté, dimanche, en faveur de l’autodétermination de la Catalogne. C’est moins pour l’indépendance que pour une « question de démocratie »qu’Alexei, 24 ans, Elisabeth, 26 ans, et Claudia, 21 ans, ont fait le chemin depuis la ville de Sant Cugat del Vallès, située dans la province de Barcelone. « Nous sommes censés vivre dans un pays qui respecte les droits humains, mais ce n’est pas le cas, dénoncent-ils. Il n’est pas légal de voter à une élection, mais ça l’est de frapper des gens. »
« Très déçue » par l’Union européenne
Tout au long du parcours, la foule a enchaîné les chants catalans, multiplié les slogans et allègrement répété des bras d’honneur en direction d’un hélicoptère de la police nationale, déployé au-dessus du centre-ville et unique présence des forces de l’ordre. Les manifestants ont, en revanche, longuement applaudi les habitants postés sur les balcons des immeubles, un ustensile de cuisine à la main en guise de soutien, ainsi qu’une voiture de la police catalane, croisée près de la place de l’Université.
C’est sur ce point névralgique de la capitale catalane qu’Andrea, 20 ans, explique les raisons de sa présence : « l’indépendance » et la « lutte contre la violence » à laquelle elle a assisté dimanche. Comme d’autres, cette étudiante en psychologie « exige » du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qu’il écoute « la voix du peuple » et qu’il « accepte » le résultat du scrutin de dimanche. Elle se dit, par ailleurs, « très déçue » par la réaction de l’Union européenne qui, selon elle, « regarde ailleurs ».
Posté à côté, Jordi, un mécanicien industriel de 45 ans, est aussi venu manifester « pour les droits humains » et contre « la violence de la police espagnole ». Originaire de Cardona, un village situé au nord-ouest de Barcelone, il a rejoint la capitale de la Catalogne dès 8 heures ce matin, « avant que les routes ne soient fermées ». Lui aussi réclame le départ de la police nationale et attend désormais de Carles Puigdemont, président de la Généralité catalane, qu’il « déclare l’indépendance ». Car « on n’est pas allés jusque-là pour rien », fait-il remarquer.


« Défendre notre droit à l’autodétermination »

En parallèle des manifestations, la population était aussi appelée à se rassembler devant les écoles où a eu lieu le vote de dimanche. Dans le quartier de l’Eixample, en plein centre de Barcelone, des centaines de personnes se sont ainsi réunies devant celle de Ramon Llull où ont éclaté, le jour du scrutin, de violents affrontements entre la police et les sympathisants nationalistes.
Des familles entières sont venues avec leurs enfants, qui ont accroché des œillets rouges et des messages de paix aux grilles de l’école. « Je ne suis pas nationaliste, chez moi, on parle castillan et catalan », tient à préciser Eva Irazola. Elle vient de passer un bout de scotch à sa fille adolescente pour qu’elle accroche un cœur en carton sur la porte. « Je suis ici pour défendre notre droit à l’autodétermination, quel qu’en soit le résultat. » Dimanche, elle est allée voter dans un autre centre du quartier, celui du Fructuos Gelabert, « où tout s’est bien passé ».
« Mon fils Marco m’a demandé ce matin si la police était méchante », raconte Nuria Gusjeu qui a elle aussi voté dimanche. Elle lui a répondu « qu’il n’avait rien à craindre, mais qu’il arrivait que des agents, obéissant à un gouvernement répressif, puissent commettre des actes violents »« Ce qui s’est passé a radicalisé beaucoup de gens », affirme-t-elle avec conviction.

« Il faut qu’on arrive à s’entendre »

Comme beaucoup de Catalans, et comme l’a réclamé Carles Puigdemont dimanche soir avant même de connaître les résultats du scrutin, Nuria Gomez demande « l’intermédiation de l’Europe ». « Il faut que quelqu’un nous aide. On ne peut plus continuer à parler avec Madrid. » Alors faut-il déclarer immédiatement l’indépendance comme le demande la branche dure du nationalisme ? « Mieux vaut attendre et prendre des décisions à froid. En ce moment, tout le monde est surexcité », estime-t-elle.
« Regardez autour de vous, c’est un vrai mouvement populaire », dit Jordi Perez qui explique avoir connu l’heure et le lieu du rassemblement par un e-mail de l’Assemblée nationale catalane (ANC) qui, avec Omnium, est l’une des grandes plates-formes de mobilisation du mouvement indépendantiste.
Xavi Pascual, un manifestant qui arbore une belle chemise du Barça, reprend, lui, l’un des arguments maintes fois répété par les nationalistes. « Madrid nous vole, ils prennent notre argent et ne nous donnent rien en échange », tout en ajoutant que, « maintenant, ce n’est plus une question économique, c’est une question de dignité ». Avant de conclure plus calmement. « La moitié des Catalans ont du sang espagnol. Il faut qu’on arrive à s’entendre. »
Par /lemonde.fr

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