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Avec "Clash", "le spectateur est obligé d'écouter l'autre, l'ennemi".. Voir Bande-annance

Le réalisateur égyptien raconte les émeutes qui ont embrasé le Caire, en 2013, à travers un huis clos dans un fourgon de police. La méthode de Mohamed Diab.

Multiplier les regards

"Dans mon film, l'humain prime sur la politique." 
"Mon premier film, Les femmes du bus 678, est sorti en plein coeur de la révolution. Pendant trois ans, j'ai mis mon métier de cinéaste entre parenthèses pour défendre la démocratie aux côtés du peuple égyptien. Puis, un jour, mon frère est venu avec l'idée de Clash, qui m'est apparu comme le meilleur moyen de parler de l'Égypte de 2013 comme de 2016. Car les forces en présence et en conflit sont restées les mêmes: les révolutionnaires, les Frères musulmans et l'armée.  
Ce scénario allait me permettre de multiplier les points de vue sur cette révolution. Avec l'idée que l'humain primerait sur la politique." 

Bousculer les certitudes

"Le spectateur est obligé d'écouter l'autre, l'ennemi." 
"Je me suis ici attaché à rester neutre. Car je cherche à créer de la confusion et à bousculer les certitudes. Chaque spectateur est en effet obligé d'écouter l'autre, l'ennemi. J'ai beau être contre l'idéologie des Frères musulmans, je les décris comme des êtres humains. Car comment comprendre quelqu'un si vous ne le traitez pas en humain? Comment saisir les racines de l'extrémisme sans chercher à comprendre les extrémistes?"  

Savoir s'entourer

"Mes comédiens étaient prêts à mourir pour ce film." 
"Il y a des acteurs à qui je n'ai pas envoyé mon scénario car je savais, vu leurs positions, qu'ils n'adhéreraient pas à ma démarche. Mais je n'aurais jamais pu faire Clash sans ceux qui ont accepté de me rejoindre: ils étaient littéralement prêts à mourir pour le film.  
Entre la préparation et le tournage, ils se sont engagés pendant un an à mes côtés. La dernière semaine, j'ai dû quasiment me battre pour en faire rentrer certains dans le fourgon. Ils n'en pouvaient plus de passer leur journée enfermés à 25 dans 8 m²."  

Faire vivre un espace clos

"Une seule ligne directrice: que tout paraisse vrai!" 
"Pour faire vivre l'action dans un espace aussi étroit, il a fallu chorégraphier les mouvements de caméra et le déplacement des acteurs. Pour cela, on a construit une réplique du fourgon dans laquelle on a répété en filmant pendant six mois. Jour après jour, j'ai ainsi pu trouver ma mise en scène. Avec une ligne directrice: que tout paraisse vrai. Car, dans ce lieu clos, la caméra est si proche qu'elle agit comme un révélateur.  
Dans Clash, il n'y a d'ailleurs aucun effet spécial. Quand les gens se frappent, leurs coups sont vrais. Quand des pierres sont jetées, elles font vraiment mal. Chaque jour, j'ai craint une catastrophe."  
Prendre ses responsabilités
"En Égypte, humaniser l'ennemi est un crime." 
"En Égypte, humaniser l'ennemi est un crime. Voilà pourquoi on m'a déconseillé de faire ce film. Mais après avoir tant cru à cette révolution, il m'était impossible de renoncer. J'ai fait lire le scénario à la censure, qui a aimé. Mais, en Égypte, le problème ne vient plus d'elle.  
Quiconque va voir un film peut vous poursuivre si quelque chose lui déplaît. Un romancier a récemment été condamné à deux ans de prison pour une oeuvre jugée licencieuse. Des artistes sont donc emprisonnés à cause de gens qui n'entendent rien à l'art. Voilà où se situe ma plus grande peur."  
Propos recueillis par Thierry Chèze/lexpress.fr
Clash, de Mohamed Diab, avec Nelly Karim, Hany Adel... Sortie: 14 septembre.  

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