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Peut-on encore aspirer à une Tunisie meilleure ?

Si l’on prête l’oreille aux avis et réflexions de plusieurs Tunisiens sur la situation politique et socio-économique actuelle, une chanson de Michel Berger revient à l’esprit et décrit l’état d’âme général : « Il y a comme un goût amer en nous, comme un goût de poussière dans tout, et la colère qui nous suit partout.. ».
La mort d’une mère sous les yeux de ses enfants heurtée par un engin circulant là où il ne faut pas ;  ironie du sort, un médecin professeur doyen parti récupérer son fils endoctriné et devenu terroriste périt lors d’un attentat terroriste ;  de quoi se demander, dans quel monde vivons-nous ?!
D’un autre côté, et sans vouloir en rajouter, rappelons la situation politique et socio-économique du pays : entre un syndicat ouvrier des plus entêtés, des partis politiques des plus effrités entre Ego et jeu d’intérêts, un Etat des plus fragilisés, des visions vers l’avenir des plus figées, des inaugurations ministérielles des plus ridiculisées, des régions encore plus défavorisées, des prix des plus élevés et une monnaie des plus dépréciées, il vaudrait mieux rire qu’en pleurer !
Du coup, on voit les Tunisiens réagir. Les uns crient à la trahison et la manipulation politique, les autres détournent leurs esprits de tous les faits, alors qu’une bonne partie remet toute la responsabilité maléfique sur des forces internationales occultes ayant des pions chez nous sous forme de groupes mafieux infiltrés dans l’économie, la société et la politique. Dans les trois cas, on annonce la contre-volonté et l’incapacité.
Admettons, et quelle que soit la position prise, ce qui est à noter dans l’attitude citoyenne générale, c’est que ça se traduit soit par une fuite de la réalité, soit par accuser l’Autre de tous les maux :  l’Autre, selon l’humeur du moment, ce sont les partis, l’Etat, certains pays étrangers et bien sûr les USA…. C’est un comportement sociétal général. Ne dit-on pas que la critique est aisée…
Le processus d’expansion vers le progrès ne peut être qu’ascendant
« Nous ne méritons pas cela », disent plusieurs, mais disons plutôt, que méritons-nous au juste ? Nous méritons notre propre valeur et la valeur créée par nous ! Nous ne méritons que ce que nous sommes. Demandons-nous alors devant un schéma qui ne nous plaît pas : Nous, Tunisiens, grand peuple riche en compétences et intelligences humaines dans un petit pays sans ressources naturelles, méritons-nous de nous laisser emporter par le désespoir et la crise sociétale ?
C’est bien de le rappeler mais ça reste utopique dirait-on ! Sauf que non, ça serait croyable et réalisable si l’on s’éloignait de la négativité et de la passivité et si l’on s’armait de responsabilité et l’on revenait simplement aux principes économiques de la création et mesure de la valeur.  En effet, ce qui mesure la valeur basique d’une entité et ce qui a été à la base de l’apparition des notions de coût, de prix et de richesse, est tout simplement la notion de travail, règle reconnue depuis l’aube de la pensée économique.
Notons à cet égard, à notre époque, une variable décisive et faisant la différence s’ajoute aux facteurs classiques de création de la richesse. Il s’agit des compétences humaines. Ainsi, peut-on en déduire que, ce qui manque à notre progrès et développement,  c’est simplement un engagement général, non seulement en capital, mais surtout en travail et en compétences.
Remarquons ces compétences nationales, résidentes en Tunisie même ou à l’étranger, celles qui sont capables de réfléchir, d’innover, de créer, de développer et de diriger et qui partagent bien nos idées dans la démocratie et liberté ?! Ces compétences observent, incrédules,  les surenchères et jeux d’intérêts politiciens !! Voyons-nous en nous toute la force humaine et la grande population active ? Force apte à travailler et créer de la richesse pour soi et pour son environnement social et professionnel, mais qui se lamente en tombant dans la nonchalance et l’auto-victimisation ! Voyons-nous tous ces Tunisiens avertis, vigilants et conscients que le moment est crucial, mais non engagés ou encore neutres politiquement et en citoyenneté !
Une petite observation positive met aussi à cet égard la lumière sur la société civile, ces associations et ces organismes qui ne cessent de se développer et progresser dans plusieurs domaines. C’est grâce à la société civile que beaucoup de projets économiques et socio-culturels ont vu le jour, projets sur lesquels on pourra compter pour espérer un avenir prometteur. Il est à remarquer aussi que face à la fragilité d’un domaine politique en gestation, une multiplication de think tank vient renforcer l’espoir en un processus socio-économique et culturel ascendant et fleurissant dans l’avenir. Heureusement pour les uns, malheureusement pour les autres, chaque peuple ne mérite que ce qu’il est.
Il faut justement croire que toute la force nécessaire pour la relance est tout simplement en Nous.  C’est du bas en haut que les bons changements auront lieu, c’est au peuple de se voir lui-même gouverner par ceux qu’il mérite et c’est à la société civile primée mondialement pour la Paix, de mener le pays vers la prospérité politique tout comme vers le progrès social et économique.
La question serait alors de savoir « que faire » ? A ce stade, et en marge de l’Euro 2016, Citons juste les réalisations remarquables d’un petit pays comme l’Islande qui nous impressionne, mais qui a surtout su surmonter une grave crise économique entre 2008 et 2013, et tout ça grâce à la conscience patriotique et civique de son peuple. C’est lorsque les Islandais ont pris connaissance de la gravité de la situation, main dans la main ils ont remis le pays  sur pied. Ils ont décidé de se mettre au travail, ont accepté de réduire leurs dépenses et d’augmenter les impôts. Un consensus a accompagné l’engagement citoyen par l’interdiction de toute grève pendant quatre ans. Le résultat se voit déjà aujourd’hui, un taux de chômage largement réduit et une croissance annuelle du PIB en forte progression, un nombre  de touristes qui arrive à dépasser trois fois la population Islandaise.
Et Nous, qu’en est-il de Nous ? Quel sacrifice allons-nous offrir à notre Patrie qui nous a tout donné, du soleil, la plus douce des mers, le plus tendre des climats et même de la démocratie et de la liberté ?  Que faut-il  faire pour raviver en nous cette prise de conscience absente chez les Tunisiens ? Ces Tunisiens abasourdis, et qui demeurent sans savoir quoi faire, mécontents, déçus et réticents ? Quand réaliserons-nous que oui, il n’y a plus aucune raison pour le travail en séance unique pendant l’été, à l’ère de la climatisation dans tous les espaces de vie ? Comment convaincre de la nécessité de travailler et de cesser les grèves pour un bon moment ? De ne plus accaparer les trottoirs pour y travailler et empêcher les plus réglementaires de le faire ? De se rendre compte que si on aspire à vivre ensemble, la loi doit être observée et appliquée.
Peut-on aspirer encore en Tunisie à un monde meilleur ?
Encore faut-il renouer avec un leadership suffisamment courageux pour opposer la force de la loi aux forces rétrogrades. C’est ainsi que le pays sera remis sur les rails du progrès et de la croissance.
N’oublions pas qu’à la fin de la même chanson, Michel Berger l’avait dit joliment : »Évidemment, On danse encore, sur les accords, qu’on aimait tant, évidemment, on rit encore pour les bêtises, comme des enfants ». Il ne faut pas fuir la réalité, comme il ne faut pas accepter l’absurdité, il ne faut pas tomber dans  la médiocrité, ou dans la normalité face à la bassesse en disant, c’est ainsi que va la vie.. Notre propre relance et progrès sont et ne pourront être que dus à nos propres efforts. Relevons le challenge, nous le valons bien!!
Par Feten Meziou 

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