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Les cèdres coupés du Liban.. Roman, L'Âge d'or

Dans un roman émouvant, Diane Mazloum éclaire avec justesse les conflits du Levant.
"Dans cette région du monde où le sang tourne en une fraction de seconde..." En une image, le décor est planté. Ladite contrée, jadis couverte de cèdres dont le bois servit à orner le Temple de Salomon, est celle où sont nés un nombre incalculable de conflits, mais aussi celle où a vu le jour Diane Mazloum. Avec son dernier roman, L'Âge d'or(Stock), cette sémillante Libanaise nous entraîne dans le crépuscule d'un pays où le parfum des fleurs d'oranger flottait avec insouciance sur la misère et la foule des déracinés. La Beyrouthine, inconsolable, se livre au récit de l'irréversible, tragique plus que nostalgique, en croisant des lignes de vie qui nous plongent avec tendresse et cruauté dans un Liban à jamais révolu. 
La fin de l'âge d'or
A la fin des années 1960, Georgina, jeune chrétienne de 19 ans, est assoiffée de reconnaissance et aussi superficielle que possible - fine métaphore de ce pays qui est alors la Suisse du Moyen-Orient. Quand soudain le tumulte vient perturber la séance de casting à laquelle elle se rend. Le mardi 6 juin 1967, après avoir détruit au sol les appareils égyptiens et syriens, l'aviation israélienne a violé l'espace aérien libanais. Un aéronef frappé de l'étoile de David est abattu, maigre riposte... La fin de l'âge d'or a commencé, personne ne le sait encore. Georgina sera le fil rouge d'une lente décomposition ; à travers son itinéraire et celui d'un jeune chef de guerre palestinien, deux ambitions contradictoires s'affirment. Leurs vies serpentent comme des ruisseaux, chacune à la recherche de sa propre colère, avant que les eaux troublées ne se rejoignent dans une même baie, celle d'une Beyrouth défigurée.  
Un tourbillon géopolitique
Suit une série de chapitres, construits autour de dates historiques abondamment documentées, qui toutes marquent un virage ou un enfoncement dans le conflit fatal. Au fil de ces épisodes, souvent sanglants, l'auteure décrypte le mental d'Arabes frustrés de justice, que les Occidentaux n'ont jamais bien compris. Comme dans ce dialogue saisissant entre deux Palestiniens réfugiés au Liban. Tous deux se plaignent que la lutte armée sur le sol israélien ne donne aucun résultat positif pour la cause. Ali Hassan, le plus expert, explique alors que leur peuple se trouve "dans un cercle vicieux d'un ennui mortel pour l'humanité, qui n'y trouve pas le moindre effet dramatique". Et d'ajouter, tragique : "Alors qu'il a suffi au FPLP [Front populaire de libération de la Palestine] d'un acte de piraterie aérienne pour que l'opinion publique internationale se soulève." Ainsi se forment les ressorts du terrorisme qui va déchirer, de phase en phase, le tendre pays du Cèdre. Arrivent les trafics, les pires agents des pays environnants, les traîtrises et les retournements d'alliance, tous les ingrédients de la détonation libanaise.  
Dans ces pages pleines de parfums, l'arack et le houmous accompagnent la penthrite. Tout est mêlé, comme dans cette scène, si bien dépeinte, où deux auteurs d'attentat préparent avec froideur leur prochain coup mortel en s'assurant que les pâtes cacio e pepe qu'ils ont commandées, "les meilleures du monde", seront servies chaudes, juste comme il faut.  
Par Christian Makarian/lexpress.fr
L'Âge d'or, par Diane Mazloum. JC Lattès, 416 p., 19 €. 

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